Roy Ascott

Dans le jeu de pouvoir de la culture, aussi bien que dans le monde en général, la Realité Virtuelle corrompt tout comme la Realité Absolue corrompt absolument, chaque fois que ses contraintes et ses limitations de construction sont prédeterminées, prédéfinies et préréglées.

2 thoughts on “Roy Ascott

  1. shinichi

    Il est temps de remettre la réalité virtuelle à sa place. La surenchère commerciale s’avère d’une telle ampleur et d’une portée si universelle qu’il faut replacer tout le phénomène en perspective. Dans le jeu de pouvoir de la culture, aussi bien que dans le monde en général, la réalité virtuelle corrompt, tout comme la réalité absolue, chaque fois que ses contraintes et ses limitations de construction sont prédéterminées, prédéfinies et préréglées. J’entends par “réalité absolue”, une description de l’univers à laquelle on ne peut échapper, dont les coordonnées sont insinuées dans la conscience dès l’enfance, puis constamment renforcées par les dogmes, répétées par l’idéologie des médias, l’orthodoxie scientifique ou quelque prescription religieuse. Les industries intéressées par l’informatisation de la société sont également impliquées dans la duperie. Un logiciel n’est jamais innocent, les programmes sont toujours porteurs de valeurs. Dans le cas de la technologie “réalité virtuelle”, notre fascination enfantine pour le théâtre du virtuel a obscurci sa véritable destinée, son rôle potentiel comme espace d’une transition culturelle et comme banc d’essai pour toutes les idées, les structures et les comportements qui émergeraient d’une nouvelle relation au monde post-biologique. Au contraire, trop fréquemment, la réalité virtuelle nous enferme dans l’espace mis en place à la Renaissance en nous exposant à des simulations appartenant à une vision du monde dépassée depuis longtemps. On retrouve le monde-tel-qu’il-fut dans un emballage tape-à-l’oeil de monde-tel-qu’il-sera. Plutôt que de nous offrir un espace interactif ouvrant sur des mondes véritablement nouveaux, elle nous ensevelit dans une architecture de la banalité. Tout se passe comme si les écrans des casques de visualisation n’étaient jamais que des rétroviseurs, et comme si les gants de données devaient nécessairement se refermer sur à l’histoire plutôt que de pointer vers le futur.

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