École spéciale militaire de Saint-Cyr

«Ils s’instruisent pour vaincre »

«S’adapter en permanence »

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  1. shinichi Post author

    L’armée se prépare à faire face aux nouvelles menaces

    par Antoine Fouchet

    La Croix

    Alors que le livre blanc sur la défense doit être rendu public le 17 juin, reportage à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan, où l’on forme les futurs officiers de l’armée de terre

    http://www.la-croix.com/Actualite/France/L-armee-se-prepare-a-faire-face-aux-nouvelles-menaces-_NG_-2008-06-01-671856

    «S’adapter en permanence », c’est la nouvelle devise de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan, qui forme les futurs chefs de l’armée de terre. Tout le monde l’entonne : du général Nicolas de Lardemelle, commandant de l’établissement qui a participé durant sa carrière à plusieurs opérations à l’étranger, aux élèves, intégrés à l’issue de classes préparatoires en lycées et de concours sélectifs, en passant par l’encadrement militaire et civil.

    C’est qu’ici, on prend en compte avant l’heure la recommandation principale du livre blanc sur la défense et la sécurité nationale qui vient d’être élaboré par une trentaine d’experts. Ce document, qui définit la défense française pour les quinze ans à venir, doit être arrêté en ce début de semaine lors d’un conseil interministériel de défense à l’Élysée, avant d’être rendu public le 17 juin par le président de la République.

    Au coeur de cet ouvrage, une consigne qui tient en peu de mots : il faut « répondre aux nouvelles menaces à la paix », qui se caractérisent essentiellement par l’irruption du terrorisme de masse sur la scène internationale et par la plus grande ampleur des catastrophes naturelles ou sanitaires de par le monde. En raison de leur vocation militaire, les élèves saint-cyriens seront rapidement confrontés à la première de ces menaces lors des opérations d’interposition ou de maintien de la paix dans lesquelles la France est engagée à l’étranger.

    Renaud, Teddy, Charlotte, Benjamin et Gildas, à peine plus de 20 ans et en deuxième année de leur cursus (qui en compte trois), ne cachent pas leur désir de « partir » en opération hors des frontières. Normal : ils ont intégré une argumentation que les chefs militaires et responsables politiques ne cessent de développer, selon laquelle la sécurité de la France doit être assurée le plus possible en amont.

    « LES AFFRONTEMENTS SE DURCISSENT MAIS CELA NE NOUS INQUIÈTE PAS »
    Mais ces futurs chefs savent déjà que, lors des missions à l’autre bout du monde, des menaces de plus en plus grandes les attendent, eux et leurs hommes. Menaces qualifiées par le livre blanc d’«asymétriques», c’est-à-dire dirigées du faible vers le fort, du terroriste ou du rebelle vers le soldat. « Les affrontements se durcissent, par exemple en Afghanistan, mais cela ne nous inquiète pas », affirme néanmoins Renaud d’un ton assuré, approuvé par ses compagnons. Rien d’étonnant à cela : ces cinq-là ne viennent pas d’endosser le treillis pour mettre déjà l’arme au pied.

    Pour autant, les jeunes saint-cyriens sont conscients des dangers qui les guetteront et se disent prêts à les affronter. Grâce à un enseignement à la fois théorique et pratique, ils sont d’ores et déjà préparés à déjouer les pièges qui leur seront tendus dans ces opérations extérieures : engins explosifs improvisés, terroristes kamikazes, guérilla urbaine, manifestations de foules…

    Ils sont ainsi familiarisés avec les « retours d’expériences » que des militaires d’active leur rapportent dans le cadre de conférences, ou qui sont formalisés par le centre de doctrine d’emploi des forces de l’armée de terre sous la forme de documents pédagogiques relatant des cas concrets.

    La sécurité du territoire national peut cependant elle aussi se trouver en jeu. Le livre blanc le souligne sans ambiguïté. Là encore, la menace peut avoir un caractère asymétrique. Aussi, la formation initie les commandants en herbe, lors d’exercices de simulation, à la réplique aux attaques terroristes de toutes sortes, y compris nucléaires, biologiques et chimiques. Devenus lieutenants à l’issue de leur scolarité et d’un an en école d’application, ils auront d’ailleurs à participer très vite à des missions du plan Vigipirate. Enfin, à l’instar de Benjamin, ils n’excluent pas non plus d’être un jour engagés dans un conflit conventionnel entre puissances : « On ne sait pas de quoi demain sera fait… »

    “LE BUT : S’ADAPTER À TOUTES LES SORTES DE SITUATIONS”
    S’adapter, toujours. Dans cette perspective, à la demande de l’état-major de l’armée de terre, la direction de l’école affine le programme d’enseignement pour l’année prochaine. « Nous allons systématiser la réflexion sur les situations rencontrées sur le terrain et mettre l’accent sur la pratique des offensives d’assaut, ainsi que sur l’entraînement à un usage contrôlé de son arme », confie le colonel Christophe Follet, directeur de la formation militaire. À 44 ans, celui-ci se souvient que ces deux disciplines étaient autrefois enseignées lors de l’entrée au régiment.

    Mais l’objectif de la direction et de l’encadrement de l’école n’est pas de former les élèves uniquement à faire face à un catalogue de menaces, qui peuvent au demeurant changer dans le futur proche. Comme l’explique Éric Ghérardi, directeur général de l’enseignement et de la recherche, « le but est plutôt, par un enseignement étendu à l’éthique, de rendre les futurs officiers capables de s’adapter, comme chefs gardant la maîtrise de la force, à toutes les sortes de situations, des plus classiques aux plus compliquées et aux plus imprévisibles ».

    « Le savoir-être et le savoir-penser ont autant d’importance, en opération, que le savoir-faire », complète le général de Lardemelle. Pour lui, dans les missions hors des frontières, le savoir-être implique de « prendre en compte la culture des populations locales, qui peut être très différente de la nôtre », et de « se soucier d’agir en partenariat avec les contingents alliés comme avec les autres acteurs, notamment les diplomates et les intervenants humanitaires ».

    La formation de Saint-Cyr fait donc une place à la familiarisation avec les cultures du monde (la troisième année comprend un séjour d’étude dans un pays étranger). De même, elle met les élèves en situation de coopérer avec d’autres soldats occidentaux lors du tout nouvel exercice commun organisé durant une semaine en avril, sur le vaste camp de l’école, avec les apprentis officiers britanniques. Autant de travaux pratiques qui ont évidemment, pour le commandant de l’établissement, un lien avec les nouvelles menaces, car celles-ci surgissent « dans un monde complexe et globalisé ».

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