Laure Noualhat

«Les questions climatiques sont un coup supplémentaire porté à la défense de nos libertés», prévient Marlo Lewis. Son think tank libertarien au budget de 5 millions de dollars annuels est en partie financé par des magnats du pétrole, tout comme le Heartland Institute qui organise la conférence, mais là n’est pas le problème. Voici le nœud du problème : l’idéologie prônée ici est à 100% libertariennne. Ces anarcho-capitalistes nourrissent leur aversion de tout interventionnisme étatique avec cette nouvelle denrée que sont les politiques climatiques. Taxe carbone, soutiens aux énergies renouvelables, réglementations thermiques, changements de comportement individuel,…, tout les horripile. Et surtout, ils brandissent la menace «collectiviste» cachée sous les oripeaux verts de l’environnementalisme bon teint. Pire, les écolos seraient des criminels… Ainsi, Paul Driessen, consultant spécialisé sur ces questions, estime que «l’impérialisme vert» est à l’origine de millions de morts en Afrique. «Les écologistes veulent priver les pays africains du DDT alors que c’est la seule arme efficace contre la malaria. Ils veulent empêcher ces pays d’avoir accès aux énergies comme le gaz, le charbon ou le pétrole alors qu’elles sont à la source de tout développement. Savez-vous qu’un milliard de personnes n’a pas accès à l’électricité ? Comment imaginer un développement sans énergie ? Les panneaux solaires, c’est largement insuffisant.»

3 thoughts on “Laure Noualhat

  1. Anonymous

    Trois jours en immersion au cœur du négationnisme climatique

    par Laure Noualhat

    Six pieds sur Terre

    http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2014/07/petite-immersion-au-c%C5%93ur-du-n%C3%A9gationnisme-climatique.html

    C’est la ville la plus artificielle du monde avec ses avenues saturées d’écrans, ses hôtels stupéfiants, ses 4×4 stretch limousines, ses casinos, sa folie et sa vulgarité: Las Vegas. C’est ici qu’au début du mois de juillet, l’Institut Heartland a organisé sa neuvième Conférence annuelle sur les changements climatiques (ICCC9). «Where else» pouvait-on organiser une telle conférence ? Car il ne faut pas se fier à son intitulé, la ICCC9 est le royaume du négationnisme climatique, un lieu où les partisans écolos sont traités de «pastèques» et les scientifiques du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) de «mafieux». En somme, j’ai vécu trois jours d’une rare violence intellectuelle assénée dans un décor démoniaque.

    Venues d’Australie, de Grande-Bretagne, d’Inde ou des Etats-Unis, près de 300 personnes se sont réunies pour disserter sur le «fanatisme climatique». Ce petit monde réunit des scientifiques, des vrais, comme Willie Soon, astrophysicien du Centre Harvard-Smithonian pour l’astrophysique ; des hommes politiques comme Jim Inhofe, le sénateur climato-sceptique, auteur d’un livre qualifiant les changements climatiques de plus grand hoax, canulard, de l’histoire humaine ; des agitateurs comme le vibrionnant Lord Monckton, qui a l’art de faire se plier de rire ceux qui l’écoutent moquer la science climatique, mais aussi Al Gore (la bête noire du clan) et les médias alarmistes, «des pastèques», selon lui, c’est-à-dire verts à l’extérieur et rouges à l’intérieur.

    Le réchauffement? Un canulard

    Commençons par un petit cours de vocabulaire. Ici, on ne se voit pas comme des sceptiques et encore moins comme des négationnistes mais comme des «climato-lucides» opposés aux «alarmistes» tous regroupés au sein du Groupe intergouvernemental des experts sur le climat (Giec). La science climatique est ici qualifiée de «fanatique», «corrompue» et de «malhonnête». Le CO2 est à la base de toute vie, «comment peuvent-ils vouloir s’en débarrasser?» ironise Anthony Watts, auteur d’un blog adoré ici, Wattsupwiththat. «Est-ce que le carbone détruit la vie ? Est-ce un polluant ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Allons-nous taxer votre respiration ?» interroge Ken Haapala, vice-président du Projet pour une politique scientifique et environnementale. Pour vous faire une petite idée de la sémantique utilisée à Las Vegas, munissez-vous d’un oreiller et consultez l’ensemble de 21 ateliers répartis sur trois jours (l’oreiller, c’est pour mordre dedans).

    Pour résumer leur pensée : le réchauffement climatique n’est pas certain mais au cas où il serait en cours, il n’est certainement pas d’origine humaine. D’après ces observateurs qui sont à la science ce qu’un poissonnier est à la cordonnerie, c’est-à-dire des connaisseurs, le ralentissement du réchauffement actuellement constaté, le fameux hiatus climatique, est une preuve que les activités humaines n’interfèrent guère dans la machine climatique terrestre. Ainsi, toutes les mesures préconisées dans le cadre de l’ONU, par le pouvoir central ou local de leurs pays respectifs, sont inadaptées, coûteuses mais surtout inutiles.

    Qui a des petits-enfants? Qui veut les ruiner?

    «Qui a des petits-enfants dans la salle ?» Toute l’assistance lève le doigt, la moyenne d’âge flirtant avec les 70 ans. «Qui veut assurer l’avenir de ses petits-enfants ?» Rebelote. «Et bien si nous les laissons faire, nos petits-enfants seront ruinés.» La mise en place d’une taxe carbone est une «aberration qui amputerait les ménages américains de 1000 dollars par an» selon Marlo Lewis, du Competitive enterprise Institute. «Cela entraînerait un ralentissement de l’activité économique. Par exemple, une taxe à 20 dollars la tonne coûterait plus de 220 milliards de dollars aux USA dans les dix années à venir.» Les énergies renouvelables ? «Un désastre qui ne peut pas remplacer les énergies fossiles : plus de 93% des énergies consommées dans le monde sont du pétrole, du gaz ou du charbon», explique Patrick Moore, une des prises les plus spectaculaires de la sphère négationniste puisque ancien fondateur de Greenpeace. «Les androïdes de l’écologie profonde (sic) ne veulent pas voir ça. Ils veulent défendre des éoliennes, des panneaux solaires mais aucun puits de pétrole, aucune centrale nucléaire, c’est criminel !»

    Défendre nos libertés!

    «Les questions climatiques sont un coup supplémentaire porté à la défense de nos libertés», prévient Marlo Lewis. Son think tank libertarien au budget de 5 millions de dollars annuels est en partie financé par des magnats du pétrole, tout comme le Heartland Institute qui organise la conférence, mais là n’est pas le problème. Voici le nœud du problème : l’idéologie prônée ici est à 100% libertariennne. Ces anarcho-capitalistes nourrissent leur aversion de tout interventionnisme étatique avec cette nouvelle denrée que sont les politiques climatiques. Taxe carbone, soutiens aux énergies renouvelables, réglementations thermiques, changements de comportement individuel,…, tout les horripile. Et surtout, ils brandissent la menace «collectiviste» cachée sous les oripeaux verts de l’environnementalisme bon teint. Pire, les écolos seraient des criminels… Ainsi, Paul Driessen, consultant spécialisé sur ces questions, estime que «l’impérialisme vert» est à l’origine de millions de morts en Afrique. «Les écologistes veulent priver les pays africains du DDT alors que c’est la seule arme efficace contre la malaria. Ils veulent empêcher ces pays d’avoir accès aux énergies comme le gaz, le charbon ou le pétrole alors qu’elles sont à la source de tout développement. Savez-vous qu’un milliard de personnes n’a pas accès à l’électricité ? Comment imaginer un développement sans énergie ? Les panneaux solaires, c’est largement insuffisant.»

    Cette petite sauterie serait anecdotique si les personnes réunies ici n’avaient une réelle influence sur la politique américaine et sur les cerveaux de Monsieur Tout-le-monde en général. Ils disent tout haut ce qui plaît au plus grand nombre : ne changeons rien. Ils sont d’ailleurs bien introduits dans les lieux de pouvoir et s’assurent que le gouvernement américain ne prendra aucune décision à la prochaine Conférence onusienne sur le climat, à Paris en 2015. «Obama ira faire des annonces comme il l’a fait à Copenhague, mais il ne pourra rien faire ici, ni le Sénat, ni le Congrès ne valideront ses engagements» se félicite Marc Morano, un des influents blogueurs de la sphère sceptique. Ce qui, accordons-le, n’est pas complètement faux.

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  2. shinichi Post author

    About Me

    http://environnement.blogs.liberation.fr/about.html

    Laure Noualhat : je travaille sur les sujets environnementaux depuis 2003, date de la création de la page Terre à Libé.

    Depuis, impossible de faire autre chose. Ayant l’étrange sensation d’être à bord d’un bolide polluant, face à un mur, je tente d’alléger chaque jour mon «empreinte écologique»…

    Arriverons-nous à freiner à temps?

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  3. shinichi Post author

    (sk)

    石油メジャーからカネを貰った人たちが、地球温暖化など存在しないという。

    たばこ会社が禁煙を訴えるのよりはまだマシとしても、イヤーな感じがする。

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