Pierre Rosanvallon

Nos régimes sont dits démocratiques parce qu’ils sont consacrés par les urnes. Mais nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement, car l’action des gouvernements n’obéit pas à des règles de transparence, d’exercice de la responsabilité, de réactivité ou d’écoute des citoyens clairement établies. D’où la spécificité du désarroi et de la colère de nos contemporains.

2 thoughts on “Pierre Rosanvallon

  1. shinichi Post author

    Le Bon Gouvernement

    par Pierre Rosanvallon

    http://www.seuil.com/livre-9782021224221.htm

    Nos régimes sont dits démocratiques parce qu’ils sont consacrés par les urnes. Mais nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement, car l’action des gouvernements n’obéit pas à des règles de transparence, d’exercice de la responsabilité, de réactivité ou d’écoute des citoyens clairement établies. D’où la spécificité du désarroi et de la colère de nos contemporains.

    À l’âge d’une présidentialisation caractérisée par la concentration des pouvoirs entre les mains de l’exécutif, Pierre Rosanvallon montre que le problème n’est plus seulement celui de la « crise de la représentation ». Il est devenu celui du mal-gouvernement. Or la théorie de la démocratie a jusqu’à présent fait l’impasse sur cette question des rapports entre gouvernés et gouvernants en se limitant à penser la représentation et l’élection. Il est donc urgent d’aller aujourd’hui plus loin pour comprendre les mécanismes de ce mal-gouvernement et déterminer les conditions d’une nouvelle révolution démocratique à accomplir.

    Ce livre propose d’ordonner les aspirations et les réflexions qui s’expriment aujourd’hui dans de nombreux secteurs de la société civile et dans le monde militant autour de ces questions en distinguant les qualités requises des gouvernants et les règles organisatrices de la relation entre gouvernés et gouvernants. Réunies, celles-ci forment les principes d’une démocratie d’exercice comme bon gouvernement.

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    Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France. Il anime également La République des Idées et le projet Raconter la vie. Après La Contre-démocratie, La Légitimité démocratique et La Société des égaux, Le Bon Gouvernement constitue le quatrième volet de son enquête sur la mutation des démocraties contemporaines.

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  2. shinichi Post author

    La rentrée des idées : préoccupations actuelles

    par Julie Clarini

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/08/20/la-rentree-des-idees-preoccupations-actuelles_4731178_3260.html

    La menace climatique vous inquiète ? La montée des inégalités vous rend anxieux ? Les ressorts du djihadisme vous échappent ? Vous ne savez plus quoi penser de la crise de l’école ? Rassurez-vous, dès la fin du mois, les tables des libraires se couvriront d’ouvrages cherchant à vous éclairer. Plus que jamais, les essais reflètent des préoccupations très actuelles.

    De cette nuée de parutions, deux ouvrages se détachent, qui marqueront probablement la rentrée : la brillante biographie de Claude Lévi-Strauss, signée de l’historienne Emmanuelle Loyer (Flammarion), et le nouvel opus de Pierre Rosanvallon, Le Bon Gouvernement (Seuil). Consacré aux qualités requises par le pouvoir exécutif, ce volume poursuit et clôt le cycle de réflexion de l’historien sur les mutations de la démocratie contemporaine. L’heure d’un premier ­bilan peut donc sonner, entrepris dans l’ouvrage collectif La Démocratie à l’œuvre. Autour de Pierre Rosanvallon (Seuil), sous la direction de Florent Guénard et Sarah Al-Matary. La réflexion sur l’exécutif sera aussi au centre de La Force de gouverner, de l’historien Nicolas Roussellier, en octobre chez Gallimard. La santé de nos démocraties est également au cœur de plusieurs travaux prenant pour thème l’explosion des inégalités. Le sociologue Nicolas Duvoux signe Les Oubliés du rêve américain (PUF), ainsi qu’un « Que sais-je ? » sur Les Inégalités sociales. Les philosophes ne sont pas les derniers à s’emparer du sujet, comme le montrent le livre de Catherine Larrère sur Les Inégalités environnementales (PUF) et celui de Patrick Savidan, Voulons-nous vraiment l’égalité ? (Albin Michel). Attention, nous sommes arrivés à La Grande Fracture, martèle l’économiste américain Joseph Stiglitz (Les Liens qui ­libèrent).

    Il faudra aussi compter avec le nouveau livre d’Alain Touraine (Nous, sujets humains, Seuil) à paraître fin septembre   : le sociologue continue d’explorer les nouveaux contours des mouvements d’émancipation. Sur le fonctionnement de nos démocraties, la lecture de La Fabrique du conformisme, de l’économiste Eric Maurin (Seuil) devrait nous apporter un œil neuf. Signalons enfin, à paraître début octobre, la traduction d’un ouvrage de l’anthropologue américain d’inspiration anarchiste David Graeber, Bureaucratie : l’utopie des règles (Les Liens qui libèrent).

    Côté école, les sociologues Marie Duru-Bellat et François Dubet détaillent Dix propositions pour changer l’école (Seuil). Chez le même éditeur, deux autres spécialistes, Sandrine Garcia et Anne-Claudine Oller, signent un intéressant ouvrage sur l’apprentissage de la lecture, Réapprendre à lire. De la querelle des méthodes à l’action pédagogique.

    L’échelle planétaire

    Bien évidemment, la menace djihadiste pèse sur les esprits et suscite plusieurs publications. Sous la direction de Gérard Chaliand et d’Arnaud Blin, Fayard sort ainsi, fin septembre, une Histoire du terrorisme. De l’Antiquité à Daech. La politiste Riva Kastoryano s’interroge, chez le même éditeur : Que faire des corps de djihadistes ? Le psychiatre Daniel Oppenheim pense aux plus jeunes et signe une Lettre à un adolescent sur le terrorisme (Bayard). Pour mettre en perspective ce nouvel obscurantisme, Jean-Pierre Filiu publie Les Arabes, leur destin et le nôtre (La Découverte), retraçant, depuis l’expédition de Bonaparte, deux siècles d’une histoire partagée. On tirera profit également du cinquième et dernier tome de La Question de la Palestine, d’Henry Laurens, La Paix impossible (Fayard).

    Sur le retour du religieux, l’historien Jean Delumeau offre son analyse dans L’Avenir de Dieu (CNRS éditions). Chez Philippe Rey éditeur, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne signe Ma vie en islam. Enfin, Payot traduit l’ouvrage de l’universitaire britannique Ziauddin Sardar, Une histoire de La Mecque. Dans un tout autre univers religieux, l’anthropologue Florence Heymann s’intéresse aux milieux ultra-orthodoxes israéliens, dans Les Déserteurs de Dieu (Grasset). Sur la coexistence des trois religions du Livre dans notre société, le philosophe Pierre Manent publie, en octobre, Situation de la France (Desclée de Brouwer).

    Autre sujet de préoccupation qui doit se penser à l’échelle planétaire : le climat. A l’approche de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Paris, au mois de décembre (COP21), les PUF publient un impressionnant Dictionnaire de la pensée écologique, sous la direction de Dominique Bourg et d’Alain Papaux. Le philosophe Bruno Latour rassemble huit de ses conférences sur le sujet sous le titre Face à Gaïa (La Découverte). La librairie Vuibert traduit le livre de la journaliste américaine Elizabeth Kolbert, récompensé par le prix Pulitzer, La 6e Extinction. Comment l’homme détruit la vie. La question est avant tout politique, rappellent Fabrice Flipo, Corinne Morel-Darleux et Christian Pilichowski dans L’Ecologie, combien de divisions ? (Le Croquant).

    Du côté de l’histoire

    Pour lire notre avenir, l’histoire nous est-elle d’une aide quelconque ? Pas sûr. Marc Ferro retrace tous les moments où nous n’avons rien vu venir dans L’Aveuglement. Une autre histoire de notre monde (Tallandier). Par ailleurs, la discipline continue, comme chaque rentrée, à creuser la veine de l’introspection. Aux PUF, on pourra se reporter au Dictionnaire de l’historien et à l’ouvrage de synthèse Les Historiens français en mouvement, sous la direction de Pascal Cauchy, Claude Gauvard et Jean-François Sirinelli.

    Parmi les traductions, on trouvera au rayon histoire, outre le best-seller de Yuval Noah Harari, Sapiens. Une brève histoire de l’humanité (Albin Michel), une synthèse grand public et de qualité, quelques ouvrages importants : Les Révoltés de l’Amistad, de l’historien américain de la traite négrière Marcus Rediker (Seuil) ; Le Déluge. Un nouvel ordre mondial, du Britannique Adam Tooze (Les Belles Lettres) sur la période 1916-1931 ; 1945. Année zéro, de l’essayiste néerlandais Ian Buruma (Bartillat). Côté classiques, on pourra enfin lire dans son intégralité Les Usages de la coutume. Traditions et résistances populaires en Angleterre, du Britannique Edward P. Thompson (EHESS/Gallimard/Seuil). On remarque aussi cette étonnante apparition : la première traduction, directe et intégrale, du Rapport Khrouchtchev, avec préface de Jean-Jacques Marie (Seuil). Les titres français ne sont pas en reste : dans les programmes apparaissent les noms de jeunes ­historiens, comme celui de Romain Bertrand, en octobre, pour Le Long Remords de la conquête. Manille-Mexico-Madrid : l’affaire Diego de Avila (1577-1580) (Seuil).

    Commémoration oblige, le Grand Siècle sera à l’honneur, notamment avec un livre de Joël Cornette consacré à La Mort de Louis XIV. Apogée et crépuscule de la royauté (Gallimard), à l’occasion des 300 ans de la disparition du Roi-Soleil. Autre période de l’histoire de France bien traitée : l’Occupation. Michèle Cointet revient sur les Mystères et secrets de l’Occupation (Fayard), tandis que Pascal Ory préface Le Dossier Rebatet (Robert Laffont, « Bouquins »), qui contient la première réédition intégrale des Décombres, annotée par Bénédicte Vergez-Chaignon. Aux Belles Lettres, Odile Roynette signe Un long tourment. Louis-Ferdinand Céline entre deux guerres. Enfin, la réédition, en octobre, de Vichy et les Juifs, de Michael R. Marrus et Robert O. Paxton (Calmann-Lévy), assorti d’une nouvelle préface, fait partie des attentes de la rentrée.

    Philosophes et penseurs

    Les philosophes se penchent sur certaines notions trop obscures ou mal traitées : François Noudelmann ouvrira la danse avec Le Génie du mensonge (Max Milo), Dominique Lecourt suivra avec L’Egoïsme (Autrement) alors que La Jalousie, une géométrie du désir, de Jean-Pierre Dupuy (Seuil), paraîtra en octobre, en même temps que l’ouvrage que Michael Foessel consacre à la consolation (Le Temps de la consolation, Seuil). Chez Gallimard, côté grands classiques, Pierre Bouretz signe un ouvrage sur Maimonide (Les Lumières du Moyen Age). Enfin, signalons la parution importante de textes inédits de Vladimir Jankélévitch sous le titre L’Esprit de résistance (1943-1983) (Albin Michel), en octobre. Notons aussi la traduction du dernier volume du projet « Homo sacer », de Giorgio Agamben, L’Usage des corps. Homo sacer, IV, 2 (Seuil).

    On nous permettra de glisser ici Sigmund Freud, d’autant plus que Le Seuil publie ses Ecrits littéraires et philosophiques, réunis en « Opus », et Robert Laffont, en octobre, un Dictionnaire Freud, sous la direction de Sarah Contou Terquem (« Bouquins »). D’une manière générale, c’est une belle rentrée pour la psychanalyse, avec la réédition d’une trilogie de François Roustang sous le titre Jamais contre, d’abord. La présence d’un corps (Odile Jacob), un nouvel ouvrage de Jacques André, Psychanalyse, vie quotidienne (Stock) et un panorama historique d’Isabelle Mons (Femmes de l’âme. Douzes pionnières de la psychanalyse, Payot). Il y a fort à parier que les préoccupations de Roland Gori réunies dans L’Individu ingouvernable (Les Liens qui libèrent) trouveront un écho dans Lieu d’asile, du psychiatre Thierry Najman, « manifeste pour une autre psychiatrie » (Odile Jacob).

    A ce propos, notons la parution de Michel Foucault à Münsterlingen, qui enquête sur l’importance, pour le philosophe, de sa visite à l’asile psychiatrique suisse, en 1954 (sous la direction de Jean-François Bert et Elisabetta Basso, aux éditions de l’EHESS). Le point d’orgue de l’automne sera du reste l’entrée du même Michel Foucault dans « La Pléiade », avec la parution de ses œuvres en deux tomes, en novembre, sous la direction de Frédéric Gros.

    Emancipation à suivre

    Comme s’il fallait chercher dans le passé la clé de l’émancipation, on publie cette rentrée les Mémoires inédits de Louise Michel, A travers la mort (1886-1890) (La Découverte), mais aussi le Journal du Second Empire (1851-1865), de Pierre-Joseph Proudhon (Presses du réel). La biographie de Karl Marx, homme du XIXe siècle, de l’historien américain Jonathan Sperber, sera disponible chez Piranha, et celle de Lénine, signée Lars T. Lih, aux Prairies ordinaires. Outre ces auteurs, ce sont les situationnistes qui retrouvent de la superbe avec l’ouvrage d’Anna Trespeuch-Berthelot, L’Internationale ­situationniste (PUF) et, en octobre, une biographie de Guy Debord, de Jean-Marie Apostolidès (Flammarion). Aux éditions L’Echappée, on dira ­comment Lire Debord (collectif).

    En pleine redécouverte également, Frantz Fanon inspire au philosophe Achille Mbembe La Pharmacie de Fanon (La Découverte). Chez le même éditeur paraîtront des inédits, réunis sous le titre Ecrits sur l’aliénation et la ­liberté. Enfin, du grand théoricien de la domination Pierre Bourdieu, le Seuil poursuit l’édition des cours au Collège de France : Sociologie générale, 1982-1984 sera disponible en novembre.

    Lire, vous dis-je !

    Toujours aussi originale, l’historienne Laure Murat revient avec un ouvrage consacré à la pratique de la relecture, Relire. Enquête sur une passion littéraire (Flammarion). Il est accompagné d’un autre petit livre qui s’intéresse aux lectures de nos voisins sur la banquette du métro, Flaubert à La Motte-Picquet (Flammarion). Chez Robert Laffont, autre perspective hors des sentiers battus : la traduction de Que voit-t-on quand on lit ?, du graphiste américain Peter Mendelsund, dispo­nible début septembre. L’historien Jean-Yves Mollié s’essaie, de son côté, à Une autre histoire de l’édition ­française (La Fabrique).

    Quel rapport entre la noble activité de la lecture et notre place dans le monde  ?, s’interroge José Morais dans De l’alphabétisation à la démocratie (Odile Jacob), à paraître en octobre. C’est bien à une forme de réponse que s’emploie Antoine Compagnon, ­racontant son amitié avec Barthes dans L’Age des lettres (Gallimard).

    Et, pour ceux qui voudraient passer du temps avec leur écrivain favori, ­sachez que Frédéric Joly publie un beau ­Robert Musil (Seuil), Philippe ­Forest un élégant Louis Aragon ­ (Gallimard) et Adrien Le Bihan un Isaac Babel (Perrin).

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