Romain Gary

L’amour, tu sais, ce dont il a le plus besoin, c’est l’imagination. Il faut que chacun invente l’autre avec toute son imagination, avec toutes ses forces et qu’il ne cède pas un pouce du terrain à la réalité ; alors, là, lorsque deux imaginations se rencontrent… il n’y a rien de plus beau.

5 thoughts on “Romain Gary

  1. shinichi Post author

    Les enchanteurs de Romain Gary

    par Arjen Dijksman

    https://arjendijksman.wordpress.com/2013/04/07/les-enchanteurs-de-romain-gary/

    Il est des phrases qui accrochent. Ainsi celle qui se trouve en tête du « Voleur d’ombres » de Marc Lévy: « L’amour, tu sais, ce dont il a le plus besoin, c’est l’imagination. Il faut que chacun invente l’autre avec toute son imagination, avec toutes ses forces et qu’il ne cède pas un pouce de terrain à la réalité; alors là, lorsque deux imaginations se rencontrent… Il n’y a rien de plus beau. » Une citation de Romain Gary, en fait. Réflexe « moteur de recherche » et quelques instants plus tard, je savais que la prochaine fois que je passerais à la bibliothèque, mon index accrocherait la tranche de son roman « Les enchanteurs ».

    Je ne connaissais pas grand chose de Romain Gary. C’était l’occasion d’apprendre qu’il s’appelait Roman Kacew (prononcer à la russe: Katseff), qu’il était né à la veille de la Première Guerre Mondiale à Vilnius en Lithuanie. Arrivé en France à la fin des années 20, il se distingue par son écriture, lorsque le journal qui le publie vire au fascisme, il « ne mange pas de ce pain-là », s’engage dans la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale, est distingué compagnon de la Libération et se lance dans une carrière diplomatique tout en enchantant ses lecteurs par ses écrits, jusqu’à gagner par deux fois le prix Goncourt, la seconde fois sous pseudonyme Emile Ajar.

    Mais la réalité de la vie est plus dure que l’imaginaire qu’il crée dans ses oeuvres littéraires. Dans » Les enchanteurs », on perçoit ce refus de la réalité, surtout de celle de la mort qui vous rattrape inévitablement. Il faut vivre, aimer, rêver, inventer, il faut imaginer la vie mieux qu’elle ne l’est réellement pour faire mieux que la vie, pour battre la mort. Combat de Fosco Zaga, le narrateur, incarnation bicentenaire de l’auteur. L’objet de son amour se prénomme Teresina, la seconde femme de son père, de quatre ans son aînée. On n’apprend pas grand chose d’elle. Pourquoi elle? Quelques caractéristiques, une chevelure rousse où courent les écureuils, un non-conformisme qui la dessert dans sa vie… Le reste c’est l’imagination, c’est Fosco Zaga qui invente sa bien-aimée, qui pourra ainsi survivre à la dure réalité de la Russie du 18ème siècle.

    Sept ans après avoir écrit ce roman, Romain Gary n’y croit plus. Son ex-épouse, Jean Seberg, est morte par overdose de tranquillisants. Lui aussi se suicide: « Je me suis bien amusé, au revoir et merci ». La fin de l’enchantement.

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