Changement de situation : Depuis quelques temps déjà, mon collègue Robert et moi, étions sollicités par le service poste qui souhaitait que nous donnions notre démission aux ateliers de Strasbourg pour intégrer leur service. Pour moi, avant de prendre une décision, je voulais l’avis de ma future épouse et ce fut un oui pour mener une vie de nomade. Ma décision était prise et je donnais mon accord à ce service. Après, tout est allé très vite. De retour en France, j’ai trois semaines de congé. Il faut organiser le mariage et les invitations, trouver un curé, acheter une voiture, prévenir officiellement les ateliers de mon départ etc. Pour finir, mais après quelques péripéties, tout s’est bien déroulé.
Saulxures : C’est le village natif d’Anne Marie qui se trouve dans la vallée de la Bruche, à l’écart de la route nationale qui fait la liaison Strasbourg-Saint Dié Des Vosges. Le nombre d’habitants est de deux cent cinquante environ avec une boulangerie, la poste, une épicerie, un hôtel restaurant de grande renommée et deux bars dont un qui fait restaurant. Au village, je suis attendu car je suis le parrain de la sixième fille de la sœur d’Anne Marie. Le baptême a été retardé suite à mon absence. Il se fera le dimanche avec le parrain qui a attrapé une bonne angine.
La voiture : J’en parle à mon cousin qui a un copain qui tient un garage Peugeot au village voisin du mien. On va le voir et le soir il nous fait savoir qu’une 404 est disponible au garage central à Strasbourg. Le lendemain, avec Anne Marie (je n’ai pas le permis de conduire) et le garagiste, on part à Strasbourg et j’achète la voiture que je paie comptant et je ne pense pas me tromper treize mille francs anciens à cette époque. Le garagiste dit à Anne Marie : tu prends la voiture et tu te débrouilles pour nous ramener. Pas très sure d’elle, mais n’ayant pas bien le choix, elle traverse la ville et nous ramène à bon port.
Ma démission : Je me rends aux ateliers et vais voir le directeur, qui bien entendu a été mis plus ou moins au courant de mes intentions de ma demande de mutation au service postes. A ma surprise, il n’est pas étonné de ma démarche, tout en me disant : « tu sais le jour où je t’ai laissé partir sur les chantiers, je me suis bien douté que tu nous quitterais à un moment ou à un autre ». Par contre, si tu changes d’avis, je te passe chef d’équipe. Ma décision était prise et je n’ai pas changé d’avis. Lorsque j’ai eu le directeur service poste Paris pour confirmer mon départ des ateliers et lui ai fait part de mon entretien avec celui de Strasbourg, il m’a passé chef d’équipe lui aussi. Dans ce cas, et c’est de bonne guerre, les directeurs de services laissent l’intéressé faire sa demande de mutation, en sachant que de toute façon, j’intégrerai leur service. Pour la petite histoire, Robert a pris le même chemin que moi et on ne s’est plus jamais croisés.
Le mariage : Pour se marier, il fallait un curé et en principe celui de la commune de la mariée. Nous l’avons contacté et il nous a reçus à la cure (à savoir que le curé du village était natif de mon village). Ce curé a connu Anne Marie dès son plus jeune âge car c’est lui qui l’avait baptisée et fait les leçons de catéchisme. L’entretien a failli tourner court, car il a fait la morale à Anne Marie en lui expliquant que ce n’était pas bien de se marier avec un mari qui travaillait sur les chantiers. Je serai au bistrot bien souvent et pas à la maison. Pour finir, il s’est arrangé pour ne pas être là le jour du mariage, ce qui ne fut pas du goût de la maman d’Anne Marie qui était très croyante. Elle s’est donc déplacée pour aller voir le doyen du diocèse et c’est lui qui nous a mariés à l’église du village.
Les bans ont été publiés avec le délai à respecter. Le jour du mariage à dix heures comme prévu, alors que nous étions tous réunis devant la mairie, pas de maire. Mon beau-frère qui habite au village, va voir s’il le trouve et il revient en nous disant qu’il est à l’écurie car il nous a oublié mais il arrive. Et le voilà qui se pointe en tenue de travail avec ses bottes pleines de fumier ce qui ne l’empêche pas de nous marier. Puis il dit à la mariée « Annette, la prochaine fois que tu te marieras, essaie de me prévenir plus tôt ». C’est ça la campagne ! Les repas du samedi midi et soir ainsi que dimanche midi, se feront à la maison chez Anne Marie. C’est ma mère, celle d’Anne Marie et une de mes tantes qui ont tout préparé. Nous étions pas mal de jeunes et tout s‘est bien passé. Après, les journées vont passer très vite car c’est ma dernière semaine de congé et en guise de voyage de noces, Anne Marie va faire des km (1000) car à cette époque, il fallait faire un rodage avant la première révision des voitures. Et puis ma première mutation arrive.