… parce que la pensée ne saurait sortir d’elle-même pour comparer le monde « en soi » au monde « pour nous », et ainsi discriminer ce qui est dû à notre rapport au monde et ce qui n’appartient qu’au monde. Une telle entreprise est en effet autocontradictoire : au moment où nous pensons que telle propriété appartient au monde en soi – nous le pensons, précisément, et une telle propriété se révèle donc elle-même essentiellement liée à la pensée que nous pouvons en avoir. Nous ne pouvons nous faire une représentation de l’en-soi sans qu’il devienne un «pour-nous» ou, comme le dit plaisamment Hegel, nous ne pouvons « surprendre » l’objet « par-derrière», en sorte de savoir ce qu’il serait en lui-même …: ce qui signifie que nous ne pouvons rien connaître qui soit au-delà de notre relation au monde. …
After Finitude: An Essay on the Necessity of Contingency
by Quentin Meillassoux
Thought cannot get outside itself in order to compare the world as it is ‘in itself’ to the world as it is ‘for us’, and thereby distinguish what is a function of our relation to the world from what belongs to the world alone. Such an enterprise is effectively self-contradictory, for at the very moment when we think of a property as belonging to the world in itself, it is precisely the latter that we are thinking, and consequently this property is revealed to be essentially tied to our thinking about the world. We cannot represent the ‘in itself’ without it becoming ‘for us’, or as Hegel amusingly put it, we cannot ‘creep up on’ the object ‘from behind’ so as to find out what it is in itself – which means that we cannot know anything that would be beyond our relation to the world.