Un compteur communicant est un compteur disposant de technologies dites AMR (Automated Meter Reading) qui mesure de manière détaillée et précise, et éventuellement en temps réel, une consommation d’électricité, d’eau ou de gaz. La transmission des données s’effectue par ondes radio ou par courants porteurs en ligne (CPL) au gestionnaire du réseau de distribution chargé du comptage.
Les compteurs communicants servent à produire des factures sur la consommation réelle, à repérer des gaspillages, des pertes en ligne ou les postes qui coûtent le plus au client. Ils peuvent éventuellement l’informer de microcoupures ou de pertes des réseaux électriques.
Si le compteur est en outre « programmable à distance » et équipé d’un appareil de coupure à distance, il est dit « AMM » (Advanced Meter Management). Ces fonctions sont à la base de l’évolution des réseaux (d’électricité, d’eau ou de gaz) vers les « réseaux intelligents ».
Compteur communicant
https://fr.wikipedia.org/wiki/Compteur_communicant
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Smart meter
https://en.wikipedia.org/wiki/Smart_meter
A smart meter is an electronic device that records consumption of electric energy in intervals of an hour or less and communicates that information at least daily back to the utility for monitoring and billing. Smart meters enable two-way communication between the meter and the central system. Unlike home energy monitors, smart meters can gather data for remote reporting. Such an advanced metering infrastructure (AMI) differs from traditional automatic meter reading (AMR) in that it enables two-way communications with the meter. Communications from the meter to the network can be done via fixed wired connections (such as power line communications) or via wireless. In using wireless, one can opt for cellular communications (which can be expensive), Wi-Fi (readily available), wireless ad hoc networks over Wi-FI, wireless mesh networks, low power long range wireless (LORA), ZigBee (low power low data rate wireless), Wi-SUN (Smart Utility Networks), etc.
Compteur Linky : L’UFC-Que Choisir lance une pétition pour refuser de payer au profit d’Enedis
LeMoniteur.fr
https://www.lemoniteur.fr/article/compteur-linky-l-ufc-que-choisir-lance-une-petition-pour-refuser-de-payer-au-profit-d-enedis-35409714
L’association de défense des consommateurs demande aux autorités publiques de revoir les conditions de financement du compteur, et notamment les conditions de rémunérations d’Enedis. Une pétition lancée le 8 mars dernier a déjà recueilli plus de 145 000 signatures.
L’UFC-Que Choisir repart à l’attaque contre Enedis. Suite au dernier rapport de la Cour des comptes qui constatait le peu de gains apportés par le petit boitier jaune aux consommateurs, l’association de défense des consommateurs a lancé une pétition pour refuser que ces « chers » compteurs (130 euros en France contre 80 euros en Italie) soient financés par les seuls consommateurs. « Vous allez payer 15 euros pendant 10 ans pour permettre à Enedis d’installer un compteur communicant pour lequel vous n’avez aucune contrepartie alors que le gouvernement avait toujours promis que le déploiement du compteur Linky serait gratuit pour les ménages », s’offusque l’association. Au moment de la rédaction de cet article (lundi 12 mars à 9h56), 137 989 personnes avaient signé la pétition.
Dans sa pétition, l’UFC-Que Choisir reprend certaines conclusions des sages de la rue Cambon : « les informations disponibles via les compteurs sont très maigres et peu accessibles ». Et préconise comme la Cour des comptes le recours à l’affichage déporté qui pour l’instant est seulement réservé aux ménages en situation de précarité. La plateforme d’Enedis qui permet d’accéder à ses données de consommation en kwh et en euros ne connait pas un franc succès : seulement 1,5% des clients disposant d’un Linky ont ouvert un compte.
Des conditions de financement à réviser
Par ailleurs, l’UFC-Que Choisir somme les autorités publiques de revoir les conditions de financement du compteur, et notamment les conditions de rémunérations d’Enedis. La Cour des comptes avait pointé un surcoût de 506 millions d’euros pour les usagers lié à la mise en place du mécanisme de différé tarifaire. Un dispositif qui permet au gestionnaire du réseau de bénéficier d’une avance (prêt), avant d’être remboursé par les consommateurs à partir de 2021.
La CRE n’a pas tardé à réagir pour prendre la défense de Linky. L’autorité chargée de la régulation du marché de l’énergie soutient dans une tribune publiée le 9 mars que le déploiement des compteurs communicants Linky rend possible « la réduction de la consommation d’énergie, le développement de nouveaux services énergétiques, l’émergence de nouveaux acteurs et l’optimisation des coûts des réseaux et de leur performance ». Sur le coût du déploiement, le président de la CRE rappelle que le financement sera totalement neutre pour les clients grâce aux « nombreux gains » que ces compteurs apporteront, notamment pour maîtriser la demande d’énergie.
Depuis le lancement du dispositif en 2015, plus de 8 millions de compteurs « intelligents » ont été installés sur le réseau français, avant la généralisation de 35 millions d’appareils d’ici à 2021.
Piscines, Balard, Linky, Campus… la Cour des comptes tire tous azimuts
LeMoniteur.fr
https://www.lemoniteur.fr/article/piscines-balard-linky-campus-la-cour-des-comptes-tire-tous-azimuts-35320245
La Cour des comptes a publié mercredi 7 février son rapport annuel 2018, qui met en lumière des exemples de mauvaise gestion de l’argent public. Voici les points marquants identifiés cette année par les magistrats financiers.
Compteurs Linky
Si la Cour des comptes ne conteste pas la nécessité de moderniser et de remplacer les compteurs actuels, limités pour relever la consommation et détecter d’éventuelles pertes, l’institution constate que les gains apportés par les compteurs Linky aux consommateurs sont encore insuffisants. Le nouveau compteur jaune déployé massivement par Enedeis est pourtant censé faciliter les actions de maîtrise de l’énergie. Or, selon les magistrats, il ne permet d’obtenir comme information que des index de consommation, la puissance apparente et la puissance maximale du jour. Les sages de la rue Cambon préconisent donc l’installation d’un afficheur déporté. Cet appareil, relié au compteur par liaison radio, permet l’affichage en temps réel des données de consommation en kwh et en euros. La loi du 17 août 2015 pour la transition énergétique a rendu obligatoire la mise à disposition gratuite de cette technologie par les fournisseurs d’électricité aux ménages en situation de précarité. L’usager a également la possibilité de se connecter aux portails internet d’Enedis. Mais la plateforme peine à attirer de nouveaux clients, déplore la Cour des comptes : le taux d’ouverture de compte par les usagers disposant d’un compteur Linky reste peu élevé (1,5%). Autre bémol : les données de consommation ne sont jamais valorisées en euros, « puisque le distributeur ne connait pas les conditions tarifaires faites par le fournisseur à l’usager », écrivent les auteurs du rapport. La Cour des comptes somme donc l’Etat de mettre en place un véritable pilotage du programme, notamment la maîtrise de la demande d’énergie.
Par ailleurs, l’institution invite à revoir les conditions de rémunérations généreuses dont bénéficie Enedis. Le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité profite en effet d’un différé tarifaire – c’est-à-dire qu’il bénéficie d’un taux d’intérêt très bas sur l’avance engagée pour le déploiement du compteur – et d’incitations financières généreuses à respecter les coûts et les délais. Enedis qui a réagi ce mercredi rappelle que la pose du compteur est gratuite pour le client puisque les gains apportés par le dispositif compenseront les coûts de son installation.
Dans un communiqué, la CRE a également défendu un projet « largement bénéficiaire » à l’échelle du pays et financièrement neutre pour le consommateur. Les incitations financières avantageuses permettent à Enedis de tenir son objectif et d’éviter toute dérive, justifie le régulateur de l’énergie.
LINKY
Ces compteurs électriques « intelligents » qui risquent de vous pourrir la vie
PAR SOPHIE CHAPELLE
https://www.bastamag.net/Ces-compteurs-electriques
L’installation des compteurs électriques dits « intelligents », comme le Linky en France, qu’Éric Besson veut généraliser, est loin de faire l’unanimité. Intrusion dans la vie privée et risque de piratage des données, multiplication des ondes électromagnétiques avec des effets néfastes sur la santé, « racket » des abonnés, suppression d’emplois chez les distributeurs d’électricité… De Paris à la Californie, en passant par le Québec, la contestation grandit. Tour d’horizon des résistances.
La Ville de Paris ne veut pas du nouveau compteur électrique « intelligent » Linky. Bien qu’elle soit la première ville française à prendre une position aussi tranchée contre ce nouveau compteur, son vœu, adopté mi-octobre 2011, est passé assez inaperçu. Ce vœu fait suite à l’annonce d’Éric Besson, ministre en charge de l’Énergie, le 28 septembre dernier, d’installer 35 millions de compteurs électriques « intelligents » dans tous les logements à partir de 2013 [1], considérée par les élus verts parisiens comme une « décision ministérielle unilatérale ». Les élus du groupe Europe Écologie-Les Verts (EELV) regrettent « l’absence totale de concertation avec les collectivités locales propriétaires des réseaux ». « En tant que propriétaire du réseau électrique et des compteurs, la Ville de Paris doit avoir voix au chapitre », souligne le cabinet de Denis Baupin, maire-adjoint de Paris.
Les nouveaux compteurs électriques piratés
Autre point de friction entre la capitale et l’État, « les impératifs de préservation de la vie privée et de la liberté des citoyens ». Cette crainte est-elle justifiée vis-à-vis de compteurs jugés intrusifs ? Début janvier, en Allemagne, deux hackers ont démontré qu’il était possible d’intercepter les données transitant entre un compteur de nouvelle génération et la compagnie d’électricité [2]. Selon The Hacker News, les deux hackers étaient en mesure, après avoir analysé les données, de connaître le nombre d’ordinateurs ou de téléviseurs dans la maison, le programme de télévision regardé, et si le film DVD en cours de lecture était protégé ou non par un copyright !
Certes, ce piratage ne porte pas sur un compteur Linky, mais sur un compteur électrique intelligent d’origine allemande, rappelle le service de presse ERDF, qui gère le réseau électrique. Le protocole de communication utilisé par le Linky serait différent du modèle hacké par les pirates allemands. La Mairie de Paris souhaite néanmoins que le gouvernement réexamine le cahier des charges adopté. Et elle n’est pas la seule.
EDF vs collectivités locales
Autres oubliées de la concertation, les collectivités locales. Propriétaires des réseaux de distribution d’électricité (hors lignes à haute tension) et des compteurs électriques, elles en ont délégué l’exploitation à ERDF sur 95 % du territoire sous forme de concessions [3]. Dès novembre 2010, le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour l’électricité et les réseaux de communication (Sipperec), qui réunit 100 collectivités franciliennes, engage un recours gracieux [4] auprès du Premier ministre. Le Sipperec n’accepte pas la généralisation du compteur « sans que le diagnostic ne soit partagé par tous les acteurs ». Le recours est aujourd’hui dans l’attente d’un jugement du Conseil d’État.
Les propos d’Henri Proglio, le 8 novembre dernier dans un entretien au Parisien, ont ravivé la polémique sur la propriété des compteurs. La réglementation doit être « revue afin de garantir pour mon entreprise un retour sur investissement , affirme le PDG d’EDF. Pour cela, il me semble normal de considérer que le nouveau compteur Linky m’appartient. » Une déclaration qui n’est pas du goût de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). « ERDF est concessionnaire, exploitant d’un réseau appartenant aux collectivités locales, qui le lui “prêtent” dans le cadre de contrats de concession », rappelle la fédération. Quant au retour sur investissement, Henri Proglio n’a pas à s’inquiéter : le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité lui garantit une rémunération annuelle de 7,25 % !
Linky = 4 000 emplois supprimés ?
À la Fédération nationale des mines et de l’énergie (FNME CGT), on s’inquiète de l’impact de ce déploiement pour les salariés d’ERDF. « Le gouvernement confie le déploiement et le financement de Linky à ERDF, et affirme que le nouveau compteur sera gratuit pour l’usager, renvoyant son financement à des gains de productivité réalisés par le distributeur public, indique la FNME CGT. Cela ne doit pas se traduire par des suppressions d’emplois et la dégradation des conditions de travail pour les salariés de l’entreprise. » Or, plus de 4 000 emplois de techniciens clientèle pourraient être supprimés, rappelle le syndicat. « Le recours à la sous-traitance doit être exceptionnel, car il est reconnu par la direction d’ERDF elle-même que sous-traiter revient plus cher que de faire réaliser les travaux par ses propres équipes », avertit la CGT. Ici comme à SUD Énergie, on s’oppose d’ores et déjà aux utilisations anti-sociales qui pourraient être associées à la mise en œuvre du compteur. Ce dernier, désormais doté d’un moyen de coupure télécommandé, pourrait fortement simplifier la tâche pour les impayés… [5]
Le PDG d’EDF évalue le coût unitaire du compteur « entre 200 et 300 euros par foyer », largement au-delà de l’estimation qui avait été faite lors de l’annonce de la généralisation du dispositif (120 euros). « Le consommateur risque de payer deux fois s’il veut agir sur sa consommation », regrette Catherine Dumas, directrice générale adjointe du Sipperec. Le consommateur va d’abord payer le changement de compteur. « S’il veut pouvoir agir sur sa consommation et faire des économies, il faudra qu’il paye une deuxième fois, côté fournisseur, des services pour maîtriser sa consommation », relève le Sipperec. « Ce compteur va être certainement très utile à ERDF pour mieux gérer le réseau, mais nous relevons de nombreuses insuffisances dans [ses] fonctionnalités […] pour le consommateur », résume Catherine Dumas, qui aurait souhaité un peu moins de précipitation de la part du ministère de l’Énergie.
Une pollution électromagnétique supplémentaire ?
Il n’y a pas qu’en France que l’arrivée de compteurs « intelligents » est contestée. « C’est comme les gaz de schiste, ça va trop vite ! » Cette phrase lâchée par une manifestante le 5 février dans la ville de Québec résume bien la situation. Alors que la société d’État Hydro-Québec prévoit d’installer 3,8 millions de compteurs intelligents d’ici à 2017, les manifestations pour exiger un moratoire se multiplient. Des rassemblements se sont tenus le 5 février au Québec. L’enjeu : alerter sur les radiations électromagnétiques émises par ces compteurs nouvelle génération. « Elles constituent un risque qu’on ne sait pas encore mesurer, indique José Levesque, l’un des membres fondateurs de la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique (CQLPE). Nous imposer ça est une grave atteinte à notre liberté de choix. »
Dans le doute, la ville de Saint-Colomban (Québec) a adopté en novembre 2011 une résolution [6] exigeant un moratoire sur l’installation des compteurs intelligents. Elle s’est inspirée de la pétition déposée à l’Assemblée nationale qui a recueilli près de 10 000 signatures. Ses auteurs dénoncent la non-consultation des abonnés, le « coût exorbitant » du remplacement des compteurs électromécaniques actuels ainsi que l’absence d’évaluation des risques sanitaires.
En complément du moratoire, la coalition réclame une commission d’enquête publique et transparente qui évalue le projet dans son ensemble et fasse le point sur les risques liés à l’électropollution. Et la possibilité pour un abonné de faire retirer le nouveau compteur (20 000 appareils ont déjà été installés). De son côté, Hydro-Québec assure que les taux d’ondes émises répondent aux normes recommandées par Santé Canada.
« Plus de rayonnements que les téléphones mobiles »
Les compteurs pointés du doigt au Québec sont les mêmes que les deux millions installés par le distributeur d’électricité PG&E en Californie. Depuis l’installation des compteurs intelligents, de nombreux résidents se disent aux prises avec des problèmes de santé, dont des maux de tête, des bourdonnements d’oreille, des nausées, des acouphènes et des troubles cardiaques. Deux mille plaintes ont été déposées. Des collectifs Stop Smart Meters (Stop aux compteurs intelligents) se sont créés ces derniers mois en Californie et dans une vingtaine d’autres États, multipliant les manifestations et actions de blocage des véhicules de PG&E. « Les nouveaux compteurs dits intelligents émettent plus de rayonnements que les téléphones mobiles », témoigne une militante dans le New York Times. « Avec les téléphones mobiles, vous pouvez choisir de ne pas en avoir, ou de l’éteindre lorsque vous ne l’utilisez pas. Mais avec ce nouveau compteur, vous n’avez pas le choix, c’est de façon constante, on vous l’impose, vous ne pouvez pas l’éteindre. »
Bombardement électromagnétique
Le comté de Santa Cruz, en Californie, a fini par décréter fin janvier un moratoire sur l’implantation de ces compteurs. Cette décision s’appuie sur un rapport [7] commandé en décembre 2011 au médecin Poki Stewart Namkung, l’officier de la santé publique du comté. L’exposition aux radiofréquences serait cumulative, notamment en raison du bombardement croissant auquel toute personne en milieu urbain est désormais la victime involontaire.
Le rapport relève, entre autres effets biologiques reconnus des radiofréquences, « une perméabilité accrue de la barrière hémato-encéphalique du cerveau (Eberhardt, 2008), des effets négatifs sur la qualité du sperme, des lésions de la double échelle de l’ADN qui peuvent déclencher un cancer (Phillips, 2011), l’activation du gène de stress comme s’il réagissait à une toxine (Blank, 2011), ainsi qu’une altération du métabolisme du glucose dans le cerveau (Volkow, 2011) ». Autant d’effets potentiels sérieux qui ont conduit le Dr Namkung à recommander l’application du principe de précaution.
Interdictions d’installation et sanctions financières
Le moratoire adopté par le comté de Santa Cruz s’inscrit dans un mouvement de contestation beaucoup plus large. On compte à ce jour 9 autres comtés et 38 villes en Californie ayant adopté des résolutions qui considèrent illégale l’installation des compteurs intelligents au sein de leur juridiction [8]. Début février, la Commission des services publics de Californie a ainsi autorisé les clients de la société PG&E à refuser l’installation dans leur résidence des compteurs intelligents. Ces clients pourront soit conserver leur ancien compteur analogique, soit accepter l’installation d’un compteur électronique multifonctions dont on aura désactivé l’émetteur qui permet de transférer les données.
Cette décision est néanmoins assortie d’une sanction financière. Alors que le relevé de consommation ne coûtait rien jusque-là, la Commission autorise désormais le distributeur à imposer des frais initiaux de 75 $ et des frais mensuels de 10 $ – respectivement 10 $ et 5 $ pour les personnes à faibles revenus. Le combat est loin d’être terminé puisque de nombreux abonnés sont catégoriquement opposés à payer ces frais qui, disent-ils, reviennent à de l’extorsion de fonds. Environ 90 000 abonnés ont déjà indiqué à la société PG&E qu’ils refusaient l’installation des compteurs intelligents chez eux.
« Aux Pays-Bas, on est davantage en avance dans le dossier car les citoyens peuvent, sur une base volontaire et sans pénalité, conserver les compteurs mécaniques », rapporte la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique. Selon The Telegraph, la Grande-Bretagne songerait, elle aussi, à permettre aux usagers de se retirer de son programme de modernisation des compteurs. Bien que le gouvernement britannique projette l’installation de 53 millions de compteurs intelligents entre 2014 et 2019, le mouvement ralentit du fait des craintes des usagers relatives aux radiofréquences. Le ministre de l’Énergie, Charles Hendry, a ainsi récemment déclaré que le gouvernement « ne rendrait pas les compteurs intelligents obligatoires ».
Une technologie en France non exempte de risques sanitaires
En France, des associations comme Robin des toits et Next-Up s’inquiètent des effets potentiellement nocifs sur la santé en raison des ondes émises par les nouveaux compteurs électriques. Certes, les technologies utilisées aux États-Unis et au Canada pour permettre la communication du compteur sont différentes de celles utilisées en France. « Aux États-Unis, précise Étienne Cendrier, porte-parole de Robin des toits, les nouveaux compteurs ne fonctionnent qu’avec des radiofréquences. En France, on va essentiellement passer par du CPL, c’est-à-dire du courant porteur en ligne. » Les données émises par le compteur seront donc transportées via les lignes électriques existantes.
Mais la technologie CPL, qui superpose au courant électrique alternatif de 50 Hz (hertz) un signal à plus haute fréquence, n’est pas exempte de risques sanitaires car les câbles électriques actuels ne seraient pas aux normes CPL. « Les câbles du réseau électrique n’ont pas été conçus à l’origine pour transporter des signaux hautes fréquences, précise l’association Next-Up. Si ERDF veut déployer le Linky, elle doit installer des câbles blindés qui n’irradient pas de hautes fréquences. » Autre solution alternative préconisée par Robin des toits : le raccordement du parc de compteurs actuels en filaire ou en fibre optique.
Totale absence d’études…
Une fois rassemblées dans un concentrateur, les données sont ensuite envoyées à un centre de traitement par la norme GPRS, la même que celle utilisée dans la téléphonie mobile. Or, les ondes électromagnétiques viennent d’être classées par l’Organisation mondiale de la santé dans la catégorie 2B, c’est-à-dire « des agents peut-être cancérigènes pour l’homme ». « À l’occasion de l’expérimentation menée par ERDF en Indre-et-Loire, plusieurs personnes sur place se sont plaintes de nuisances, relève Étienne Cendrier. C’est de l’ordre du déclaratif, mais aucune étude d’impact sanitaire n’a été menée pour approfondir cette question. »
Craignant la mise en danger des personnes électrosensibles, Robin des toits n’envisage pourtant pas de se tourner vers l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, en vue de mener des tests sur les compteurs et concentrateurs installés. Car, depuis la publication du rapport sur les radiofréquences, en octobre 2009, rien n’a été fait dans ce domaine par cette agence. Contactée par Basta !, l’Anses n’a pas été en mesure d’apporter des précisions sur ce thème. « C’est une véritable course de lenteur », dénonce Étienne Cendrier. Ce manquement total au principe de précaution a conduit Robin des toits à déposer fin 2011 un recours au Conseil d’État, qui dispose d’un an pour l’examiner. Avec le compteur Linky, Éric Besson s’apprête à refiler un cadeau empoisonné au prochain gouvernement.
Sophie Chapelle
P.-S.
Pour aller plus loin : Ondes électromagnétiques : vers un nouveau scandale sanitaire ?
Notes
[1] Lire à ce sujet Le Nouveau Compteur électrique Linky : plus cher, plus intrusif, mais pas écologique.
[2] Dario Carluccio et Stephan Brinkhaus ont présenté les résultats de leurs recherches à l’occasion de la 28e édition du Chaos Computing Congress, le rendez-vous annuel de la scène hacker internationale.
[3] Selon l’article L 322-4 du code de l’énergie.
[4] Ce recours est aussi engagé par le Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire (Sieil), où s’est déroulée une partie de l’expérimentation du compteur Linky menée par ERDF.
[5] Lire à ce sujet Le compteur électrique « intelligent » : outil écolo ou mouchard social ?.
[6] Lire la résolution adoptée par la Ville de Saint-Colomban au Québec
[7] Lire le rapport (en anglais).
[8] Voir la liste mise à jour sur le site Stop Smart Meters.