Les géants des forêts ne vivent pas seulement en Amérique ou en Asie. La découverte d’un spécimen d’entandrophragma excelsum de plus de 80 mètres de haut sur les contreforts du Kilimandjaro, en Tanzanie, par une équipe de chercheurs allemands, fait entrer l’Afrique dans un livre des records dont elle était exclue.
Il semblait jusqu’à présent admis que les arbres africains ne pouvaient pas pousser au-delà de 65 mètres. Seul un eucalyptus de 81 mètres, introduit au début du XXe siècle en Afrique du Sud, avait été repéré avant de périr dans une tempête en 2006.
Les plus grands spécimens régnaient aux Etats-Unis où des séquoias (sequoia sempervirens) dépassent 110 mètres ou en Australie avec un eucalyptus (eucalyptus regnans) de 99,6 mètres.
C’est en arpentant pendant vingt-cinq ans le plus haut sommet du continent que le biologiste Andreas Hemp, de l’université de Bayreuth, est parvenu à contredire cette croyance. « Beaucoup d’espaces restent mal étudiés en Afrique, en particulier en dehors des hotspots de biodiversité », explique le chercheur dans l’article publié en octobre dans la revue Biodiversity and Conversation pour justifier l’oubli de ces géants.
Relégués sur les pentes de vallées isolées situées entre 1 200 mètres et 2 100 mètres d’altitude, ils sont les maîtres de « forêts reliques » de quelques kilomètres carrés. Difficilement accessibles, ils ont trouvé sur ces terres volcaniques trop dures à cultiver les conditions idéales à la croissance des grands arbres. « Les pentes méridionales du Kilimandjaro offrent des conditions climatiques favorables avec d’importantes précipitations, des températures élevées et de faibles variations saisonnières », poursuivent Andreas Hemp et ses coauteurs.
Un millier de colosses
La médiocre qualité commerciale des entandrophragma excelsum comparée aux sapellis et aux acajous a aussi protégé ces colosses dont le tronc peut dépasser 2,5 mètres de diamètre.
Les inventaires menés par les chercheurs ont permis d’identifier treize arbres de plus de 50 mètres grâce à des mesures réalisées au laser. Le plus haut atteint 81,5 mètres et serait âgé de plus de six cents ans. En extrapolant les résultats de leur étude, ils estiment qu’il pourrait rester environ un millier de géants de cette espèce sur une superficie de 7 km 2 répartie dans de petits îlots forestiers.
Si l’arbre au tronc rouge brun présent aussi au Congo-Kinshasa et en Zambie n’est pas classé sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), Andreas Hemp juge cependant urgent de faire rentrer les vallées où il subsiste dans le périmètre protégé du Parc national de Kilimandjaro. Ne pas le faire, écrit-il, serait prendre le risque de perdre la mémoire d’un temps où le Kilimandjaro conservait sa végétation originelle. Et de perdre aussi les plus hauts arbres d’Afrique.
Les essences d’arbres les plus hauts du monde avec leur circonférence et leur dimension.
by Andreas Hemp
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/12/08/l-arbre-le-plus-haut-d-afrique-se-trouve-en-tanzanie_5045706_3212.html
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L’arbre le plus haut d’Afrique se trouve en Tanzanie
Des chercheurs allemands ont découvert un géant de 81,5 mètres sur les pentes du Kilimandjaro.
Par Laurence Caramel
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/12/08/l-arbre-le-plus-haut-d-afrique-se-trouve-en-tanzanie_5045706_3212.html
Les géants des forêts ne vivent pas seulement en Amérique ou en Asie. La découverte d’un spécimen d’entandrophragma excelsum de plus de 80 mètres de haut sur les contreforts du Kilimandjaro, en Tanzanie, par une équipe de chercheurs allemands, fait entrer l’Afrique dans un livre des records dont elle était exclue.
Il semblait jusqu’à présent admis que les arbres africains ne pouvaient pas pousser au-delà de 65 mètres. Seul un eucalyptus de 81 mètres, introduit au début du XXe siècle en Afrique du Sud, avait été repéré avant de périr dans une tempête en 2006.
Les plus grands spécimens régnaient aux Etats-Unis où des séquoias (sequoia sempervirens) dépassent 110 mètres ou en Australie avec un eucalyptus (eucalyptus regnans) de 99,6 mètres.
C’est en arpentant pendant vingt-cinq ans le plus haut sommet du continent que le biologiste Andreas Hemp, de l’université de Bayreuth, est parvenu à contredire cette croyance. « Beaucoup d’espaces restent mal étudiés en Afrique, en particulier en dehors des hotspots de biodiversité », explique le chercheur dans l’article publié en octobre dans la revue Biodiversity and Conversation pour justifier l’oubli de ces géants.
Relégués sur les pentes de vallées isolées situées entre 1 200 mètres et 2 100 mètres d’altitude, ils sont les maîtres de « forêts reliques » de quelques kilomètres carrés. Difficilement accessibles, ils ont trouvé sur ces terres volcaniques trop dures à cultiver les conditions idéales à la croissance des grands arbres. « Les pentes méridionales du Kilimandjaro offrent des conditions climatiques favorables avec d’importantes précipitations, des températures élevées et de faibles variations saisonnières », poursuivent Andreas Hemp et ses coauteurs.
Un millier de colosses
La médiocre qualité commerciale des entandrophragma excelsum comparée aux sapellis et aux acajous a aussi protégé ces colosses dont le tronc peut dépasser 2,5 mètres de diamètre.
Les inventaires menés par les chercheurs ont permis d’identifier treize arbres de plus de 50 mètres grâce à des mesures réalisées au laser. Le plus haut atteint 81,5 mètres et serait âgé de plus de six cents ans. En extrapolant les résultats de leur étude, ils estiment qu’il pourrait rester environ un millier de géants de cette espèce sur une superficie de 7 km 2 répartie dans de petits îlots forestiers.
Si l’arbre au tronc rouge brun présent aussi au Congo-Kinshasa et en Zambie n’est pas classé sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), Andreas Hemp juge cependant urgent de faire rentrer les vallées où il subsiste dans le périmètre protégé du Parc national de Kilimandjaro. Ne pas le faire, écrit-il, serait prendre le risque de perdre la mémoire d’un temps où le Kilimandjaro conservait sa végétation originelle. Et de perdre aussi les plus hauts arbres d’Afrique.