Au fil du dernier et passionnant livre d’André Cicolella, Toxique planète (Seuil, coll. “Anthropocène”, 310 p., 19 euros), on croise quelques chiffres ahurissants. Tous font pièce à cette épidémiologie de comptoir selon laquelle “tout va bien, car l’espérance de vie continue d’augmenter”. Rappelons d’ailleurs ici que la notion d’espérance de vie repose sur un postulat dénué de tout fondement, selon lequel la santé à venir des nouveau-nés sera nécessairement identique à celle qu’ont connue les vieillards d’aujourd’hui au cours de leur vie.
Parmi ces chiffres, qui montrent l’importance de l’environnement pour la santé publique, certains sont si incroyables qu’ils soulèvent immédiatement le scepticisme. On croit à une erreur. A une virgule en moins ou un zéro en trop. Exemple : le toxicologue, président du Réseau environnement santé (RES), écrit qu’aux Etats-Unis les troubles du spectre autistique (autisme, syndrome de Rett ou d’Asperger, etc.) touchent “un enfant sur quatre-vingt-huit”. Allons donc… Un sur quatre-vingt-huit ? Une prévalence si élevée semble impossible. Alors, on vérifie. Et ce que l’on découvre est plus perturbant encore.
D’abord, le chiffre en lui-même existe bel et bien. Ce n’est pas une coquille. Et ce n’est pas le fruit d’une étude douteuse ou controversée. Il a été publié en mars 2012 par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains. Pour l’établir, les CDC surveillent depuis 2007 quatorze sites répartis sur l’ensemble du territoire américain et comptabilisent les enfants atteints de troubles autistiques au sein d’une même classe d’âge du cours élémentaire. Il y a bien plus inquiétant que ce taux d’un sur quatre-vingt-huit : il y a l’évolution de l’indicateur. En surveillant les mêmes communautés et en utilisant les mêmes critères de diagnostic, la prévalence de ces troubles a augmenté de 78 % entre 2007 et 2012.
Autisme aux Etats-Unis : un sur quatre-vingt-huit
par Stéphane Foucart
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/10/21/autisme-aux-etats-unis-un-sur-quatre-vingt-huit_3499362_3244.html
LA PISTE DES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS
Rien ne dit que ce sursaut est une tendance lourde qui se maintiendra. Mais le fait est là. Et la rapidité actuelle du phénomène écarte raisonnablement les causes non environnementales. De fait, le pool génétique de la population américaine n’a pas évolué en si peu de temps, pas plus que l’âge moyen de procréation (l’âge de la mère est un facteur de risque). Les CDC notent d’ailleurs un indice précieux : au niveau de 2012, c’est un garçon sur 54 qui est touché, contre une fille sur 252.
Cette susceptibilité variable en fonction du sexe met immanquablement sur la piste des perturbateurs endocriniens, ces molécules de synthèse omniprésentes, qui interfèrent avec le système hormonal et produisent le gros de leurs effets au cours de la période fœtale… Bien sûr, il n’y a pas de consensus scientifique sur ce lien possible avec l’autisme, mais un simple soupçon, fût-il étayé.
L’information n’est pas destinée à faire peur : André Cicolella n’est pas de ces marchands d’anxiété. Il plaide simplement, et avec raison, pour des politiques de santé publique tenant compte de l’environnement. La conférence environnementale de septembre aurait été l’occasion de se saisir de la question. Le gouvernement a préféré l’ignorer.
(sk)
「アメリカでは88人にひとりが自閉症」というタイトルを見て、これはきっと保険の水増し請求の結果だろうとか、統計の操作だろうとか、そんなことを想像しながら読んでみた。まさか本当にそうだなんて思ってもみなかったので、読んだ後でCDCのサイトやらWHOのサイトやらに行ったりして、無駄な時間を過ごしてしまった。
男の子の54人にひとり、女の子の252人にひとり。それがなぜ88人にひとりになるのか、わけがわからないが、とにかく多いことだけは確かなことのようだ。
アメリカと聞いて、まず初めに思い浮かぶのが食べ物と飲み物。いろんなものが入っているし、変なものが多いし、腐らない食べものまであるし。。。で、DNA。人種のるつぼのアメリカでは、これまでにはあり得ないDNAの組み合わせがたくさんあらわれるし。。。それから、ライフスタイル。キャリアを追い求める女性の高齢出産、合法だか違法だかわからない麻薬、喜びを追い求め道具や薬に頼るセックス。そして街角のあちこちにあるビタミンの錠剤を売る店からありとあらゆる薬を手に入れて飲み続ける人たち。理由はきっとばかばかしいほど身近なものなのだろう。