Pédaler deux ou trois heures, s’arrêter au bistrot du coin pour déjeuner, déguster un café quelques kilomètres plus loin, puis, au soir, trouver une auberge confortable pour se reposer, et ripailler pour compenser l’énergie dépensée. Recommencer le lendemain. Le cyclotouriste n’est pas – seulement – ce pauvre hère qui peine sous le soleil, un sac rempli de linge sale sur le dos, et s’écroule de fatigue dans une grange abandonnée avant de se nourrir d’un sandwich aux herbes. Au contraire. Les touristes qui voyagent sur une bicyclette se montrent plus dépensiers que ceux qui voyagent en voiture.
Les touristes à vélo sont plus dépensiers que les vacanciers en voiture
par Olivier Razemon
http://transports.blog.lemonde.fr/2014/08/08/les-touristes-a-velo-sont-plus-depensiers-que-les-vacanciers-en-voiture/
Pédaler deux ou trois heures, s’arrêter au bistrot du coin pour déjeuner, déguster un café quelques kilomètres plus loin, puis, au soir, trouver une auberge confortable pour se reposer, et ripailler pour compenser l’énergie dépensée. Recommencer le lendemain. Le cyclotouriste n’est pas – seulement – ce pauvre hère qui peine sous le soleil, un sac rempli de linge sale sur le dos, et s’écroule de fatigue dans une grange abandonnée avant de se nourrir d’un sandwich aux herbes. Au contraire. Les touristes qui voyagent sur une bicyclette se montrent plus dépensiers que ceux qui voyagent en voiture, rappelle Atout-France, l’agence de développement touristique de la France, dans une étude sur le tourisme international à vélo publiée en 2012.
Sébastien, qui vit à Toulouse, vient de passer quatre jours sur son vélo dans la vallée du Tarn et les Cévennes. Il a calculé ses dépenses : “Toulouse/Albi et Mazamet/Toulouse en train, 15€ ; trois nuits au camping, 20€ ; trois petits déjeuners pris au café, 15€ ; le midi, trois pique-niques et un restaurant, 45€ ; trois repas du soir (souvent dans un petit resto improbable), 61€ ; boissons diverses, 13€. Total : 169€, soit 42€ par jour”. Pas si cher pour le touriste, mais appréciable pour les territoires traversés. Car la plupart des dépenses enrichissent directement les commerces locaux.
Certaines collectivités ont compris le potentiel qu’elles pourraient tirer de cette vogue. Ainsi, le département de la Sarthe fait-il des cyclotouristes une cible de choix, au même titre que “les Chinois”, “les amateurs de course automobile” attirés par les 24 heures du Mans ou encore les voyageurs qui fréquentent les aires d’autoroute, peut-on lire dans Ouest-France.
Une manne locale. Cet été, la presse locale raconte, étonnée ou amusée, comment les cyclistes investissent, d’un bout à l’autre du pays, les bases nautiques, les expositions d’art contemporain ou les fêtes de village. On pédale à travers les vignobles à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), autour des anciennes fortifications de Cambrai (Nord) ou même sous la pluie dans le pays de Caux comme le rapporte Paris-Normandie. On découvre la côte chalonnaise (Saône-et-Loire) et on y déguste ses vins ; après tout pourquoi faudrait-il reprendre le volant après avoir trempé ses lèvres dans un ballon ?
La Loire à vélo, une aubaine. Partout où les cyclistes passent, l’économie locale se porte bien, notamment le long du plus célèbre itinéraire de France, la Loire à vélo. L’itinéraire, qui se déroule entre Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Nevers, attire 800 000 personnes chaque année. Une étude financée par les régions traversées, Centre et Pays de la Loire, estime à 15,3 millions d’euros les retombées économiques directes pour l’année 2010. Parmi ces touristes, 39% logent au camping, 24% à l’hôtel et 11% en chambre d’hôtes. 16% d’entre eux mangent au restaurant, 21% visitent des musées, 8% des caves et 6% s’adonnent au shopping. En moyenne, les touristes dépenseraient 68€ par jour.
Cet article de la République du centre-ouest publié l’été dernier l’illustre : Gien (Loiret), “qui ne faisait pas figure de destination privilégiée, profite désormais du passage de dizaines de touristes tous les jours. La plupart des commerçants du centre-ville disent bénéficier de cette nouvelle forme de tourisme”. Camping, boulangerie, épicerie et même pharmacie bénéficient de cette manne inattendue.
Les hypermarchés n’en profitent pas. Le constat est identique à La Charité-sur-Loire (Nièvre). L’itinéraire cyclable passe de l’autre côté du fleuve, dans le département du Cher, mais c’est bien à La Charité, 5000 habitants, que les touristes s’arrêtent, après avoir traversé le joli pont en pierre. Les commerces locaux en profitent, notamment les quelques cafés, les librairies (c’est ici que se déroule chaque printemps le Festival du mot) et la célèbre confiserie du Prieuré. Mais les grandes surfaces situées à l’orée de la ville doivent se passer de la clientèle cycliste : et pour cause, dès que l’on quitte les bords de Loire, ça monte !