Patricia Tourancheau

ClementUne vidéo de l’agression de Clément Méric, le 5 juin, relance la polémique sur le contexte de la mort du jeune homme. Selon RTL, les images présenteraient le jeune militant antifa comme l’agresseur du skinhead Esteban Morillo, qui lui a porté le coup mortel. Colère immédiate des membres du collectif Action antifasciste Paris-Banlieue auquel appartenait Clément Méric, qui crient à la calomnie.
De son côté, la police, en possession de la bande dès le lendemain de l’agression, ne partage pas du tout cette «interprétation».

2 thoughts on “Patricia Tourancheau

  1. shinichi Post author

    Mort de Clément Méric : ce que dit vraiment la vidéo

    par Patricia Tourancheau

    Libération

    http://www.liberation.fr/societe/2013/06/25/mort-de-clement-meric-ce-que-dit-vraiment-la-video_913580

    D’où viennent ces images ?

    La police judiciaire de Paris qui enquête sur les «violences volontaires ayant entraîné la mort de Clément Méric sans intention de la donner» a mis la main dès le 6 juin sur ces images filmées la veille par une caméra de la RATP à l’extérieur de la station Havre-Caumartin. Selon un commissaire de la PJ , «la police technique et scientifique n’a pas travaillé pendant plusieurs jours sur ces images pour les faire parler», comme le prétend le journaliste qui a toutefois eu accès à la bande. Celui-ci n’a cependant pas indiqué que la caméra est orientée vers le trottoir et «ne montre que vingt centimètres au-dessus du sol, c’est-à-dire les jambes des personnes». Les enquêteurs ont donc pu voir «des échanges de coups de pieds» entre cinq garçons d’extrême droite et quatre d’extrême gauche puisqu’il «s’agit d’une bagarre entre deux groupes», rappelle le commissaire.

    Rien de nouveau sur les faits

    Ayant repéré Clément Méric à ses «chaussures claires» et Esteban Morillo à ses «godillots», les policiers aperçoivent «à un moment de la rixe, Méric passer derrière Morillo occupé à frapper un autre. Peut-être Méric donne-t-il un coup à Morillo lequel, en tout cas, se retourne. Et Méric tombe par terre». Inconscient. Voici la scène de rixe filmée au ras du bitume. La PJ ne comprend pas comment RTL peut laisser entendre que Méric déclencherait l’agression sur Morillo lequel riposterait : «Qu’est-ce que cela changerait si Méric assènait un coup dans le dos à Morillo au cours de la bagarre ? Les échanges de coups ne sont niés par personne, ni côté extrême gauche, ni côté extrême droite.»

    Quant à l’information de RTL précisant que le militant antifa n’a pas été «lynché une fois par terre», tout le monde le savait, les témoins, la PJ et le procureur de la République de Paris l’ayant bien expliqué. Clément Méric a été tué par deux coups mortels qu’Esteban Morillo a d’ailleurs avoué avoir porté à mains nues. Si la vidéo surveillance avait montré l’utilisation de poing américain, le militant d’extrême droite de Troisième Voie aurait sûrement été mis en examen pour «homicide volontaire» mais, comme le souligne un proche du dossier, «ce n’est pas le cas».

    Des confirmations

    En revanche, le film de la RATP «prouve que le groupe d’extrême gauche a attendu longtemps les skinheads à côté de la station de métro pour en découdre». Ce qui confirme les témoignages de vigiles et organisateurs de la vente privée de vêtements de marques anglaises (Fred Perry, Barbour, Ben Shermann et American Vintage) qui ont «vu et entendu les militants antifascistes chambrer les skinheads, Clément Méric ayant été le plus provocateur» en charriant les «fachos qui font leurs courses» et en leur lançant : «On vous attend dehors.» Le freluquet n’aurait pas été le dernier à chercher les costauds rasés, comme nous l’écrivions dès le 7 juin : «Verbalement, c’est le groupe d’extrême gauche qui a été le plus vindicatif à l’intérieur de la salle des ventes mais, physiquement, c’est la bande d’extrême droite qui a été la plus virulente à l’extérieur.»

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  2. shinichi Post author

    Mort de Clément Méric: «Tout ce qui est dit, c’est de la calomnie»

    par Marie Piquemal

    Libération

    http://www.liberation.fr/societe/2013/06/25/mort-de-clement-meric-tout-ce-qui-est-dit-c-est-de-la-calomnie_913668

    «Aujourd’hui, Clément a été assassiné une deuxième fois. Par les médias, cette fois.» Hervé1 s’exprime la voix un peu tremblante devant plusieurs journalistes, ce mardi soir, lors d’une conférence de presse décidée quelques heures plus tôt. Il parle au nom du collectif Action antifasciste Paris-banlieue, auquel appartenait Clément Méric, tué en pleine rue, le 5 juin, dans le IXe arrondissement à Paris.

    Mardi matin, une vidéo de l’agression a relancé la polémique sur le contexte de la mort du jeune homme. RTL assure avoir visionné des images de l’agression tournées par une caméra de surveillance de la RATP. Cette vidéo, selon RTL, présenterait le jeune militant antifa comme l’agresseur du skinhead Esteban Morillo, qui lui a porté le coup mortel. D’après nos informations, la police, en possession de la bande dès le lendemain de l’agression, ne partage pas du tout cette «interprétation».

    A LIRE Mort de Clément Méric: ce que dit vraiment la vidéo

    «Ce qui s’est passé, on le saura le jour du procès»

    Ils sont une petite dizaine de membres du collectif action antifasciste ce mardi soir. Le rendez-vous a été donné à la presse dans une ruelle aux murs tagués de Ménilmontant, à deux pas de l’un de leur bar fétiche, le Saint-Sauveur. Seul l’un d’eux, Hervé, s’exprime publiquement, les autres restent de marbre. «Nous n’avons pas vu la vidéo, elle est sous le secret de l’instruction, commence-t-il. RTL dit aujourd’hui avoir vu ces images, mais personne n’en a la preuve. Les affabulations, on les leur laisse. Ce qui s’est réellement passé le 5 juin, nous le saurons le jour du procès. En attendant, tout ce qui est dit, c’est de la calomnie.»

    Derrière les quelques journalistes présents, des membres du collectif surveillent d’un oeil les notes prises et les cadrages des caméras, manière de montrer leur méfiance à l’égard des médias. «Il est confortable de renvoyer dos à dos les antifas et les militants d’extrême droite, comme si c’était le revers d’une même pièce, mais c’est faux.»

    Il poursuit: «Clément Méric est mort, il a été tué sous les coups d’Esteban. Voilà, les seuls faits avérés pour l’instant. Et oui, il y a eu provocation. Quand on se pavane dans la rue avec un tee shirt sur lequel est écrit “100% pur race”, c’est une provocation. Face à un acte intolérable, nous réagissons. Notre réaction est verbale, politique. Mais forcément, face à l’extrême droite qui n’agit que par la violence, les choses dégénèrent parfois.»

    Il sort une feuille gribouillée de sa poche, la rerange aussi sec. «Ce qui nous affole et qui doit vous interroger, vous journalistes aujourd’hui, c’est de voir comment une information non vérifiée circule allègrement depuis ce matin, reprise par les différents journaux.» Interrogé sur l’usage ou non du poing américain pendant la bagarre, Hervé répète, agacé: «on ne va pas faire l’instruction à la place de l’instruction. La vérité sur ce qui s’est réellement passé, nous la connaîtrons le jour du procès.»

    La conférence ne durera qu’une dizaine de minutes, se terminant brutalement par un: «Nous sommes fatigués. La mort de Clément, pour vous, c’était peut-être il y a longtemps. Pas pour nous.» Sur le mur, derrière lui, ce graffiti où est écrit en grosses lettres rouges «Brest le rouge» avec le visage de Clément dessiné en blanc et noir.

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    1 Hervé est un prénom d’emprunt, il n’a pas souhaité donner sa réelle identité.

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