2 thoughts on “Roberto Schmidt

  1. shinichi Post author

    Le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et la Première ministre danoise Helle Thorning Schmidt pendant la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, le 10 décembre.
    (Photo Roberto Schmidt. AFP)

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  2. shinichi Post author

    Rira bien…

    par Gérard Lefort

    http://www.liberation.fr/photographie/2013/12/13/rira-bien_966379

    La voilà donc cette image qui a fait plusieurs fois le tour de la planète et surtout tourné à la tornade de réactions outrées. Pas parce qu’on y voit quelques archi-puissants de ce monde en train de rire à l’instant où le téléphone mobile de l’un d’entre eux les fixe. Car c’est évidemment le léger détail des circonstances de cet instantané hilare qui fait grincer les portes du paradis des gentils. Madame Helle Thorning-Schmidt, Première ministre danoise, Messieurs David Cameron et Barack Obama, respectivement patron du Royaume-Uni et des Etats-Unis, rigolent en trio mais à l’enterrement de sa sainteté Nelson Mandela. Ouh la la, font les gentils, pas bien ça, pas cool, pas réglo. Certes, quand on a vu soi-même des adolescents se prendre en photo sous le fameux Arbeit macht frei à l’entrée du camp d’Auschwitz, avec force LOL et smileys, on peut comprendre la forte démangeaison de coups de pieds au cul qui se perdent dans des circonstances sinon aussi funèbres du moins aussi tristes. Mandela est mort, il n’y a pas de quoi rire.

    Mais si on s’éloigne de la tournure internationale qu’a pris l’hommage au défunt (même Poutine a pleuré, c’est dire), et qu’on se rapproche d’un enterrement ordinaire, où a-t-on vu qu’il y est interdit de rire ? Le temps passant, on a suffisamment fréquenté les cimetières et les crématoriums pour pouvoir témoigner qu’au cœur des plus intenses chagrins, le fou rire fait du bien, rapproche, autorise la fraternité provisoire de tous ceux pour qui ce n’est pas encore le tour d’y passer. Les croque-morts qui ont toujours des gueules de croque-mort, un cri suraigu de l’ami Larsen dans la sono d’ambiance, voire, ça s’est vu, un faux pas dans le trou de la tombe.

    Ce jour-là, à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, qui devait emporter sa dose officielle d’ennui «à mourir», Helle, David et Barack rient. Comme trois êtres humains retombant en adolescence. L’initiative de se photographier dans cette activité assez typiquement humaine semble revenir à Madame Thorning-Schmidt. On imagine son invite : «Allez les garçons, une petit photo souvenir.» Souvenir de quoi ? Qu’ils y étaient, qu’ils ont accompli leur devoir ? Sûrement. Mais qu’est devenue cette image une fois stockée dans le portable de Madame Thorning-Schmidt ? L’a-t-elle fait suivre sur le thème «t’as vu avec qui je suis ?» ; et à qui ? Sa famille, ses proches, ses adversaires politiques ?

    Ce qu’on remarque aussi c’est l’accord accort des hommes. Surtout Obama, qui aide à tenir l’appareil, preuve au passage que le portable de la Première danoise n’est pas équipé du dernier cri de la fonction stabilisateur d’image. Probable que c’est même Barack qui a appuyé sur le déclencheur.

    Le fait que Michelle Obama, à droite, ne participe guère à la rigolade ne doit pas être surinterprété fatalement comme un signe de bouderie. Simplement, elle regarde ailleurs, un ailleurs où elle voit sans doute que ces cérémonies officielles dont elle a déjà dû dévorer des kilomètres sont, comme d’hab’, d’une pompe un rien pompière. Parions que si Michelle avait repéré le petit manège de distraction qui prospère à ses côtés, elle aurait elle aussi sauté dans le cadre.

    Alors, gentils scandalisés du monde entier, par pitié un bon geste de compassion exquise : kiss, love, big bisous, youkou, pour le trio des comiques associés qui a en quelque sorte retourné le gant d’un fameux proverbe : rira bien qui rira le premier.

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