Fleur Pellerin

FleurPellerinA travers leurs moteurs de recherche, leurs places de marché ou encore leurs magasins d’applications, ces plateformes ont mis des centaines de milliers d’acteurs économiques dans une situation de dépendance. Elles ont un droit de vie ou de mort sur ces derniers, qui n’ont pas d’autre choix que de passer par elles pour trouver des débouchés et des clients. Encore faut-il que les règles soient claires et identiques pour tous, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui. C’est indispensable pour que nos start-up puissent bousculer l’ordre établi du numérique.
Sait-on que 70% des recherches de chambres d’hôtel passent aujourd’hui par le site Booking.com ? Que les hôteliers, qui ne disposent quasiment d’aucune marge de négociation, endossent souvent seuls la perte en cas d’annulation et sont tenus de garder leur dernière chambre pour cet intermédiaire surpuissant ? Certains magasins d’applications et les kiosques pour la presse en ligne prélèvent un droit de péage de 30% sur chaque transaction et ne permettent même pas aux créateurs de ces services, jeux ou journaux, de savoir qui sont les clients qui les ont achetés. Si ces plateformes décident demain de faire passer leur commission à 50%, aucun régulateur ne pourra les en empêcher.

3 thoughts on “Fleur Pellerin

  1. shinichi Post author

    «Ce sont les grandes plateformes qui font la loi sur la Toile»

    par Catherine Maussion et Christophe Alix

    Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, dénonce une mainmise des géants du Web qui met en péril l’innovation.

    http://www.liberation.fr/economie/2013/09/18/ce-sont-les-grandes-plateformes-qui-font-la-loi-sur-la-toile_933013

    Un mois avant le Conseil européen qui sera consacré pour la première fois au numérique, la ministre en charge du dossier, Fleur Pellerin, explique pourquoi la France entend lancer une grande offensive européenne pour mettre en place une régulation des géants, archidominants et tous américains, d’Internet.

    C’est la guerre ?
    Ce qui me frappe, c’est que l’on reste très focalisé aujourd’hui sur la régulation des réseaux, comme l’illustre le nouveau «paquet télécom» proposé par la Commission. Mais on oublie que l’enjeu principal concerne désormais les grandes plateformes, comme Apple, Google, Facebook, Amazon et consorts, qui sont devenues les points d’accès obligés à l’Internet. Ce sont les conglomérats du XXIe siècle qui organisent la nouvelle économie à leur avantage. Si l’on ne fixe pas des règles, c’est tout l’écosystème de l’innovation qui est en danger. Or, il y a urgence à construire des champions européens du numérique. C’est le message que la France fera passer au prochain Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, consacré pour la première fois au numérique et à l’innovation.

    Comment une poignée d’acteurs peuvent-ils imposer leurs règles à l’ensemble d’un marché aussi vaste et diversifié ?
    A travers leurs moteurs de recherche, leurs places de marché ou encore leurs magasins d’applications, ces plateformes ont mis des centaines de milliers d’acteurs économiques dans une situation de dépendance. Elles ont un droit de vie ou de mort sur ces derniers, qui n’ont pas d’autre choix que de passer par elles pour trouver des débouchés et des clients. Encore faut-il que les règles soient claires et identiques pour tous, ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui. C’est indispensable pour que nos start-up puissent bousculer l’ordre établi du numérique.

    Vous avez des exemples ?
    Sait-on que 70% des recherches de chambres d’hôtel passent aujourd’hui par le site Booking.com ? Que les hôteliers, qui ne disposent quasiment d’aucune marge de négociation, endossent souvent seuls la perte en cas d’annulation et sont tenus de garder leur dernière chambre pour cet intermédiaire surpuissant ? Certains magasins d’applications et les kiosques pour la presse en ligne prélèvent un droit de péage de 30% sur chaque transaction et ne permettent même pas aux créateurs de ces services, jeux ou journaux, de savoir qui sont les clients qui les ont achetés. Si ces plateformes décident demain de faire passer leur commission à 50%, aucun régulateur ne pourra les en empêcher.

    Vous pointez également la multiplication des conflits d’intérêts, l’opacité des règles…
    Ces plateformes sont à la fois juges et parties, diffuseurs et producteurs de services. Elles s’étendent verticalement, en captant une part toujours plus grande de la valeur, et latéralement, en intégrant de nouveaux services mis en avant de manière préférentielle et déloyale. YouTube, la plateforme vidéo de Google, enchérit sans limite sur les mots clés publicitaires du moteur de recherche. Ses concurrents, comme Dailymotion, ne peuvent pas suivre et donc disparaissent dans les profondeurs du classement alors même que cette surenchère ne coûte rien à YouTube ! Du jour au lendemain, ces plateformes peuvent «déréférencer» des sites ou bloquer des applications, entraînant un effondrement quasi immédiat de leur chiffre d’affaires, comme ce fut le cas pour les Français Twenga ou Appgratis. En réalité, les seuls régulateurs qui font aujourd’hui la loi sur la Toile, ce sont eux.

    Quel est le danger si cette situation perdure ?
    Leurs positions de marché sont devenues tellement dominantes qu’il devient extrêmement difficile de les contester. Ce qui est en jeu, en définitive, c’est la liberté et la capacité d’innovation. Ils la brident et imposent leurs normes, ce qui empêche l’émergence de tout concurrent potentiel.

    Que va proposer la France lors du Conseil européen ?
    De bâtir concrètement l’Europe numérique et d’arrêter de subir. Les outils actuels de régulation par la concurrence sont totalement inadaptés à l’univers ultrarapide et mouvant du numérique. Le contentieux européen avec Microsoft a mis dix ans à se régler, alors qu’il aurait fallu pouvoir agir en trois mois. Afin de sortir de cette impasse, l’Europe devrait se doter d’une autorité de régulation pour agir ex ante, dès que les conflits et abus apparaissent avec les plateformes. On pourrait alors réguler ces nouvelles «infrastructures», comme l’Europe le fait déjà dans l’énergie ou les transports. Au-delà du constat largement partagé par nos partenaires, la France veut faire émerger une véritable Europe du numérique.

    Trop tard pour la Commission actuelle, en fin de mandat ?
    On prépare le dossier pour qu’il soit en haut de la pile de celle qui lui succédera. Si l’on veut réussir à imposer des règles claires à ces multinationales, dont la puissance et la capacité d’influence dépassent parfois celles des Etats, cela ne peut se faire qu’au niveau européen. L’Europe du numérique est un enjeu vital pour notre économie, pour nos emplois, pour notre souveraineté.

    Photo Frédéric Stucin

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  2. shinichi Post author

    L’UE passe l’éponge sur les écarts de Google

    par Catherine Maussion

    http://www.liberation.fr/economie/2014/02/05/l-ue-passe-l-eponge-sur-les-ecarts-de-google_978239

    À CHAUD Accusé d’entrave à la concurrence, le géant échappe à l’amende en promettant des réformes.
    La Commission européenne a choisi de ne pas sanctionner Google. Accusé d’entrave à la concurrence en privilégiant ses propres services, le moteur de recherche leader en Europe était passible d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 6 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros), soit 10% de son chiffre d’affaires. Ce sera finalement zéro euro. Bruxelles a préféré croire aux engagements du géant d’Internet de modifier son comportement. Cette clémence de la Commission survient alors que la France, selon des informations non démenties par Bercy, lui a infligé un redressement fiscal de 1 milliard d’euros.

    «Incertitudes». Cela fait plus de trois ans que Bruxelles instruit le dossier Google. Elle a été saisie par ses concurrents, dont les moteurs de recherche spécialisés – comme Booking, Expedia ou Kelkoo – pâtissent de la mise en avant par Google de ses propres services. Mais plutôt que de sévir, le commissaire européen à la Concurrence, Joaquín Almunia, a préféré négocier : «Je pense que les dernières propositions de Google sont capables de faire bouger les pratiques», a-t-il justifié mercredi, ajoutant que la voie des sanctions «aurait pris plusieurs années et avec beaucoup d’incertitudes» sur l’issue du bras de fer juridique qui aurait suivi.

    Pour étayer sa position, le commissaire a produit des exemples de ce que donneront les engagements de Google. Ainsi, une recherche «café de Paris» fera remonter les «alternatives» au moteur Google, comme les adresses mises en avant par Pagesjaunes ou ViaMichelin. Autre promesse : ne plus utiliser les contenus des sites concurrents pour alimenter ses propres moteurs, s’ils en font la demande express, et sans qu’ils en soient pénalisés. Google sera surveillé, a promis encore Joaquín Almunia. Les plaignants, par la voix de leurs associations, se sont dits «déçus» mercredi, évoquant un «énorme échec».

    «Conglomérats». La décision de l’exécutif européen apparaît comme un revers pour la France, en première ligne sur la nécessité de réguler Google et consorts afin de préserver la liberté d’innover. «Ces grandes plateformes [Google, Facebook, Apple…] sont les conglomérats du XXIe siècle. […]Elles ont un droit de vie ou de mort sur des centaines de milliers d’acteurs», avait dénoncé à l’automne Fleur Pellerin, la ministre à l’Economie numérique, qui avait saisi le Conseil national du numérique afin de fédérer les acteurs français autour de cette procédure.

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  3. shinichi Post author

    (sk)

    こういう頭でっかちを大臣に任命した時点で、フランスは負けている。

    国を挙げてミニテルを推進し、結局はインターネットに完敗した記憶が蘇る。

    産業は、保護したり、援助したり、規制してもダメ。結局はいいものだけが残る。その辺りのことが全然わかっていない。Should と Must を並べることはできても、ではどうしたらいいのかとなると黙るしかないというのが、なんだか悲しい。

    でも、日本よりはまだマシかもしれない。

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