L’économie de la débrouillardise (Le système D)

Le système D est une économie à part entière. Elle est incarnée par cette jeune femme qui vend des produits alimentaires dans sa pirogue au Vietnam, ou par ces hommes qui vendent des crédits de communication mobile sous un parasol au Nigeria. Cette économie informelle existe dans le monde entier et concerne 1,8 milliard de personnes. Le produit de leur commerce s’élève à 10.000 milliards de dollars par an, ce qui en fait la deuxième économie mondiale après les Etats-Unis. Si bien que certains groupes la considèrent comme un véritable segment de marché : Procter et Gamble évalue la part de ses ventes par des canaux parallèles à 20 % !
L’économie du système D détricote le modèle industriel du siècle dernier et rétablit un modèle artisanal à la fois global et hyperlocal. Les acteurs de cette économie distribuent des biens et services, mais les produisent aussi. Les Anglo-Saxons l’appellent l’économie du « do it yourself », où demain les unités de production seront assurées par des individus dotés d’outils rudimentaires, mais aussi très avancés comme l’imprimante 3D ou les composants électroniques « open source ». Ils imprimeront des pièces détachées pour réparer des produits industriels. Ils « hackeront » des dispositifs électroniques à l’aide de composants standards.

One thought on “L’économie de la débrouillardise (Le système D)

  1. shinichi Post author

    L’économie de la débrouillardise

    par Michel Lévy-Provençal

    Les Echos

    https://www.lesechos.fr/2013/02/leconomie-de-la-debrouillardise-317235

    Le système D est une économie à part entière. Elle est incarnée par cette jeune femme qui vend des produits alimentaires dans sa pirogue au Vietnam, ou par ces hommes qui vendent des crédits de communication mobile sous un parasol au Nigeria. Cette économie informelle existe dans le monde entier et concerne 1,8 milliard de personnes. Le produit de leur commerce s’élève à 10.000 milliards de dollars par an, ce qui en fait la deuxième économie mondiale après les Etats-Unis. Si bien que certains groupes la considèrent comme un véritable segment de marché : Procter et Gamble évalue la part de ses ventes par des canaux parallèles à 20 % !

    L’économie du système D détricote le modèle industriel du siècle dernier et rétablit un modèle artisanal à la fois global et hyperlocal. Les acteurs de cette économie distribuent des biens et services, mais les produisent aussi. Les Anglo-Saxons l’appellent l’économie du « do it yourself », où demain les unités de production seront assurées par des individus dotés d’outils rudimentaires, mais aussi très avancés comme l’imprimante 3D ou les composants électroniques « open source ». Ils imprimeront des pièces détachées pour réparer des produits industriels. Ils « hackeront » des dispositifs électroniques à l’aide de composants standards.

    Ces acteurs de la résilience, nés dans une économie industrielle et mondialisée en déclin, renversent les schémas habituels. Exemple avec le projet Facts, dont Veolia Environnement est à l’origine. Son objectif est de faire circuler d’un continent à un autre des solutions et découvertes réalisées par des acteurs de terrain. Ainsi, une invention indienne pour fabriquer à bas coût des lunettes de vue profite aux Philippines, au Vietnam mais aussi au Nord ! Car ces solutions émanant de pays pauvres commencent à être appliquées dans les pays occidentaux frappés par la précarité.

    Cette économie développe aussi ses propres monnaies, alternatives, libres ou parallèles. Elles se basent sur le troc et ont parfois un système de change avec les monnaies traditionnelles, comme le TEM en Grèce.

    Toutes ces initiatives laissent entrevoir une tendance de fond : l’économie de la débrouillardise pourrait devenir la première économie mondiale à un horizon de quinze ans.

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