Volodymyr Zelensky est aujourd’hui à Bruxelles pour obtenir des armes, des financements et bien sûr l’intégration rapide de l’Ukraine dans l’Union européenne. Pour donner des gages aux 27, le président ukrainien a récemment relancé la lutte contre la corruption.
Avec des actes spectaculaires. Il y a quinze jours, une dizaine de hauts responsables, au niveau du gouvernement et des régions, ont été renvoyés. Ils sont tous mis en cause dans des détournements de fonds, entre autres sur des achats de matériels et de nourriture destinés à l’armée. La corruption gangrène l’Ukraine depuis son indépendance. Depuis la révolution de Maïdan, sous la pression des bailleurs occidentaux, l’administration ukrainienne s’est dotée de plusieurs instruments pour l’éradiquer. Mais ce combat avance lentement. Les observateurs ukrainiens sont dubitatifs sur les récents efforts du gouvernement. Ils attendent de voir si des poursuites sont menées contre les personnes incriminées et éventuellement des condamnations prononcées. Ce soudain activisme, à la veille de la venue à Kiev de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de Charles Michel, le président du Conseil, a surtout été perçu comme un message pour rassurer les 27, qui ont des attentes très concrètes sur le sujet.
Car l’Ukraine est encore l’un des pays les plus corrompus d’Europe, juste avant la Russie, selon le classement de Transparency International. Et classé 116e sur les 180 pays examinés. Kiev a progressé depuis une dizaine d’années et le niveau de la corruption a baissé depuis la guerre, selon un sondage effectué cet été par les services de l’aide américaine. En 2020, l’État ukrainien a perdu 7 milliards d’euros de revenus à cause des détournements, surtout au niveau des douanes. Les responsables des différents organes dédiés à la lutte contre la corruption demandent maintenant la mise en œuvre d’outils concrets pour faciliter leurs efforts. Comme le retour des déclarations publiques de revenus pour les hauts fonctionnaires. Et l’élaboration d’une stratégie anti-corruption qui se fait désirer. Le plan d’action sur trois ans qui devait être présenté en janvier se fait encore attendre.
Les oligarques qui prospèrent dans cet environnement sont toujours très présents dans l’économie
Ces hommes ont construit des fortunes en privatisant des pans entiers de l’économie au moment de l’indépendance. Depuis, ils profitent de leurs relations privilégiées au sein du pouvoir pour s’arroger des marchés. Depuis le début de la guerre, une partie de leurs activités se trouvent dans les territoires aujourd’hui contrôlés par l’armée russe, certains voient leur production destinée à l’export bloquée par la fermeture des ports. Leur fortune a donc fondu. Et ils ont perdu leur moyen d’influence préféré, leur chaîne de télévision, puisque Volodymyr Zelensky a imposé un programme commun à toutes les chaînes du pays. Ils sont toujours actifs dans l’économie, mais ils sont devenus très discrets. Et ils ne sont plus tout à fait à l’abri, l’une des maisons d’Igor Kolomoisky, qui avait soutenu la candidature de Volodymyr Zelensky, a été perquisitionnée la semaine dernière.
Une perquisition saluée par l’opinion publique ukrainienne
Aux yeux des Ukrainiens, ce combat contre la corruption est tout aussi important que celui que les soldats mènent contre l’invasion russe. Interrogés sur leurs priorités pour les dix prochaines années, les Ukrainiens mettent quasiment à égalité l’intégrité de leur territoire et la lutte contre la corruption. Cette population, prête à tous les sacrifices pour défendre son identité, attend en contrepartie un véritable assainissement de l’économie et de la vie publique. Des exigences bien comprises par le président ukrainien. Pour gagner des soutiens, la lutte contre la corruption est aussi importante à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays.
Corruption Perceptions Index 2022
Transparency International
https://www.transparency.org/en/cpi/2022
La lutte contre la corruption s’intensifie en Ukraine
par Dominique Baillard
https://www.rfi.fr/fr/podcasts/aujourd-hui-l-%C3%A9conomie/20230209-la-lutte-contre-la-corruption-s-intensifie-en-ukraine
Volodymyr Zelensky est aujourd’hui à Bruxelles pour obtenir des armes, des financements et bien sûr l’intégration rapide de l’Ukraine dans l’Union européenne. Pour donner des gages aux 27, le président ukrainien a récemment relancé la lutte contre la corruption.
Avec des actes spectaculaires. Il y a quinze jours, une dizaine de hauts responsables, au niveau du gouvernement et des régions, ont été renvoyés. Ils sont tous mis en cause dans des détournements de fonds, entre autres sur des achats de matériels et de nourriture destinés à l’armée. La corruption gangrène l’Ukraine depuis son indépendance. Depuis la révolution de Maïdan, sous la pression des bailleurs occidentaux, l’administration ukrainienne s’est dotée de plusieurs instruments pour l’éradiquer. Mais ce combat avance lentement. Les observateurs ukrainiens sont dubitatifs sur les récents efforts du gouvernement. Ils attendent de voir si des poursuites sont menées contre les personnes incriminées et éventuellement des condamnations prononcées. Ce soudain activisme, à la veille de la venue à Kiev de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et de Charles Michel, le président du Conseil, a surtout été perçu comme un message pour rassurer les 27, qui ont des attentes très concrètes sur le sujet.
Car l’Ukraine est encore l’un des pays les plus corrompus d’Europe, juste avant la Russie, selon le classement de Transparency International. Et classé 116e sur les 180 pays examinés. Kiev a progressé depuis une dizaine d’années et le niveau de la corruption a baissé depuis la guerre, selon un sondage effectué cet été par les services de l’aide américaine. En 2020, l’État ukrainien a perdu 7 milliards d’euros de revenus à cause des détournements, surtout au niveau des douanes. Les responsables des différents organes dédiés à la lutte contre la corruption demandent maintenant la mise en œuvre d’outils concrets pour faciliter leurs efforts. Comme le retour des déclarations publiques de revenus pour les hauts fonctionnaires. Et l’élaboration d’une stratégie anti-corruption qui se fait désirer. Le plan d’action sur trois ans qui devait être présenté en janvier se fait encore attendre.
Les oligarques qui prospèrent dans cet environnement sont toujours très présents dans l’économie
Ces hommes ont construit des fortunes en privatisant des pans entiers de l’économie au moment de l’indépendance. Depuis, ils profitent de leurs relations privilégiées au sein du pouvoir pour s’arroger des marchés. Depuis le début de la guerre, une partie de leurs activités se trouvent dans les territoires aujourd’hui contrôlés par l’armée russe, certains voient leur production destinée à l’export bloquée par la fermeture des ports. Leur fortune a donc fondu. Et ils ont perdu leur moyen d’influence préféré, leur chaîne de télévision, puisque Volodymyr Zelensky a imposé un programme commun à toutes les chaînes du pays. Ils sont toujours actifs dans l’économie, mais ils sont devenus très discrets. Et ils ne sont plus tout à fait à l’abri, l’une des maisons d’Igor Kolomoisky, qui avait soutenu la candidature de Volodymyr Zelensky, a été perquisitionnée la semaine dernière.
Une perquisition saluée par l’opinion publique ukrainienne
Aux yeux des Ukrainiens, ce combat contre la corruption est tout aussi important que celui que les soldats mènent contre l’invasion russe. Interrogés sur leurs priorités pour les dix prochaines années, les Ukrainiens mettent quasiment à égalité l’intégrité de leur territoire et la lutte contre la corruption. Cette population, prête à tous les sacrifices pour défendre son identité, attend en contrepartie un véritable assainissement de l’économie et de la vie publique. Des exigences bien comprises par le président ukrainien. Pour gagner des soutiens, la lutte contre la corruption est aussi importante à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays.