Les Fleurs du mal (Charles Baudelaire)

XXXIX

À CELLE QUI EST TROP GAIE

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l’esprit des poètes
L’image d’un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblême
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t’aime !

Quelquefois dans un beau jardin,
Où je traînais mon atonie,
J’ai senti comme une ironie
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon cœur
Que j’ai puni sur une fleur
L’insolence de la nature.

Ainsi, je voudrais, une nuit,
Quand l’heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne
Comme un lâche ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
À travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T’infuser mon venin, ma sœur !

9 thoughts on “Les Fleurs du mal (Charles Baudelaire)

  1. shinichi Post author

    XX

    LES BIJOUX

    La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
    Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores,
    Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
    Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

    Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
    Ce monde rayonnant de métal et de pierre
    Me ravit en extase, et j’aime avec fureur
    Les choses où le son se mêle à la lumière.

    Elle était donc couchée, et se laissait aimer,
    Et du haut du divan elle souriait d’aise
    À mon amour profond et doux comme la mer
    Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

    Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
    D’un air vague et rêveur elle essayait des poses,
    Et la candeur unie à la lubricité
    Donnait un charme neuf à ses métamorphoses.

    Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
    Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
    Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
    Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

    S’avançaient plus câlins que les anges du mal,
    Pour troubler le repos où mon âme était mise,
    Et pour la déranger du rocher de cristal,
    Où calme et solitaire elle s’était assise.

    Je croyais voir unis par un nouveau dessin
    Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
    Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
    Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !

    — Et la lampe s’étant résignée à mourir,
    Comme le foyer seul illuminait la chambre,
    Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
    Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !

    **

    XXX

    LE LÉTHÉ

    Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde,
    Tigre adoré, monstre aux airs indolents ;
    Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
    Dans l’épaisseur de ta crinière lourde ;

    Dans tes jupons remplis de ton parfum
    Ensevelir ma tête endolorie,
    Et respirer, comme une fleur flétrie,
    Le doux relent de mon amour défunt.

    Je veux dormir ! dormir plutôt que vivre !
    Dans un sommeil, douteux comme la mort,
    J’étalerai mes baisers sans remord
    Sur ton beau corps poli comme le cuivre.

    Pour engloutir mes sanglots apaisés
    Rien ne me vaut l’abîme de ta couche ;
    L’oubli puissant habite sur ta bouche,
    Et le Léthé coule dans tes baisers.

    À mon destin, désormais mon délice,
    J’obéirai comme un prédestiné ;
    Martyr docile, innocent condamné,
    Dont la ferveur attise le supplice,

    Je sucerai, pour noyer ma rancœur,
    Le népenthès et la bonne cigüe
    Aux bouts charmants de cette gorge aigüe
    Qui n’a jamais emprisonné de cœur.

    **

    XXXIX

    À CELLE QUI EST TROP GAIE

    Ta tête, ton geste, ton air
    Sont beaux comme un beau paysage ;
    Le rire joue en ton visage
    Comme un vent frais dans un ciel clair.

    Le passant chagrin que tu frôles
    Est ébloui par la santé
    Qui jaillit comme une clarté
    De tes bras et de tes épaules.

    Les retentissantes couleurs
    Dont tu parsèmes tes toilettes
    Jettent dans l’esprit des poètes
    L’image d’un ballet de fleurs.

    Ces robes folles sont l’emblême
    De ton esprit bariolé ;
    Folle dont je suis affolé,
    Je te hais autant que je t’aime !

    Quelquefois dans un beau jardin,
    Où je traînais mon atonie,
    J’ai senti comme une ironie
    Le soleil déchirer mon sein ;

    Et le printemps et la verdure
    Ont tant humilié mon cœur
    Que j’ai puni sur une fleur
    L’insolence de la nature.

    Ainsi, je voudrais, une nuit,
    Quand l’heure des voluptés sonne,
    Vers les trésors de ta personne
    Comme un lâche ramper sans bruit,

    Pour châtier ta chair joyeuse,
    Pour meurtrir ton sein pardonné,
    Et faire à ton flanc étonné
    Une blessure large et creuse,

    Et, vertigineuse douceur !
    À travers ces lèvres nouvelles,
    Plus éclatantes et plus belles,
    T’infuser mon venin, ma sœur !

    **

    LXXX

    LESBOS

    Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
    Lesbos, où les baisers languissants ou joyeux,
    Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
    Font l’ornement des nuits et des jours glorieux,
    — Mère des jeux latins et des voluptés grecques,

    Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
    Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds
    Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,
    — Orageux et secrets, fourmillants et profonds ;
    Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !

    Lesbos où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,
    Où jamais un soupir ne resta sans écho,
    À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent,
    Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !
    — Lesbos où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,

    Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
    Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté,
    Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
    Caressent les fruits mûrs de leur nubilité,
    Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,

    Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère ;
    Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,
    Reine du doux empire, aimable et noble terre,
    Et des raffinements toujours inépuisés.
    Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère.

    Tu tires ton pardon de l’éternel martyre
    Infligé sans relâche aux cœurs ambitieux
    Qu’attire loin de nous le radieux sourire
    Entrevu vaguement au bord des autres cieux ;
    Tu tires ton pardon de l’éternel martyre !

    Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge,
    Et condamner ton front pâli dans les travaux,
    Si ses balances d’or n’ont pesé le déluge
    De larmes qu’à la mer ont versé tes ruisseaux ?
    Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge ?

    Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?
    Vierges au cœur sublime, honneur de l’archipel,
    Votre religion comme une autre est auguste,
    Et l’amour se rira de l’enfer et du ciel !
    — Que nous veulent les lois du juste et de l’injuste ?

    Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre
    Pour chanter le secret de ses vierges en fleur,
    Et je fus dès l’enfance admis au noir mystère
    Des rires effrénés mêlés aux sombres pleur ;
    Car Lesbos entre tous m’a choisi sur la terre,

    Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
    Comme une sentinelle, à l’œil perçant et sûr,
    Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
    Dont les formes au loin frissonnent dans l’azur,
    — Et depuis lors je veille au sommet de Leucate

    Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,
    Et parmi les sanglots dont le roc retentit
    Un soir ramènera vers Lesbos qui pardonne
    Le cadavre adoré de Sapho qui partit
    Pour savoir si la mer est indulgente et bonne !

    De la mâle Sapho, l’amante et le poète,
    Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs !
    — L’œil d’azur est vaincu par l’œil noir que tachète
    Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
    De la mâle Sapho, l’amante et le poète !

    — Plus belle que Vénus se dressant sur le monde
    Et versant les trésors de sa sérénité
    Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
    Sur le vieil Océan de sa fille enchanté ;
    Plus belle que Vénus se dressant sur le monde !

    — De Sapho qui mourut le jour de son blasphême,
    Quand, insultant le rite et le culte inventé,
    Elle fit son beau corps la pâture suprême
    D’un brutal dont l’orgueil punit l’impiété
    De Sapho qui mourut le jour de son blasphême.

    Et c’est depuis ce temps que Lesbos se lamente,
    Et, malgré les honneurs que lui rend l’univers,
    S’enivre chaque nuit du cri de la tourmente
    Que poussent vers les cieux ses rivages déserts.
    Et c’est depuis ce temps que Lesbos se lamente !

    **

    LXXXI

    FEMMES DAMNÉES

    À la pâle clarté des lampes languissantes,
    Sur de profonds coussins tout imprégnés d’odeur,
    Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
    Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.

    Elle cherchait d’un œil troublé par la tempête
    De sa naïveté le ciel déjà lointain,
    Ainsi qu’un voyageur qui retourne la tête
    Vers les horizons bleus dépassés le matin.

    De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
    L’air brisé, la stupeur, la morne volupté,
    Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
    Tout servait, tout parait sa fragile beauté.

    Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
    Delphine la couvait avec des yeux ardents,
    Comme un animal fort qui surveille une proie,
    Après l’avoir d’abord marquée avec les dents.

    Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
    Superbe, elle humait voluptueusement
    Le vin de son triomphe, et s’allongeait vers elle
    Comme pour recueillir un doux remercîment.

    Elle cherchait dans l’œil de sa pâle victime
    Le cantique muet que chante le plaisir
    Et cette gratitude infinie et sublime
    Qui sort de la paupière ainsi qu’un long soupir :

    — « Hippolyte, cher cœur, que dis-tu de ces choses ?
    Comprends-tu maintenant qu’il ne faut pas offrir
    L’holocauste sacré de tes premières roses
    Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?

    Mes baisers sont légers comme ces éphémères
    Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
    Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
    Comme des chariots ou des socs déchirants ;

    Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
    De chevaux et de bœufs aux sabots sans pitié….
    Hippolyte, ô ma sœur ! tourne donc ton visage,
    Toi, mon âme et mon cœur, mon tout et ma moitié,

    Tourne vers moi tes yeux pleins d’azur et d’étoiles !
    Pour un de ces regards charmants, baume divin,
    Des plaisirs plus obscurs je leverai les voiles,
    Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ! »

    Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête :
    — « Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
    Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
    Comme après un nocturne et terrible repas.

    Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
    Et de noirs bataillons de fantômes épars,
    Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
    Qu’un horizon sanglant ferme de toutes parts.

    Avons-nous donc commis une action étrange ?
    Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi :
    Je frissonne de peur quand tu me dis : mon ange !
    Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.

    Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée,
    Toi que j’aime à jamais, ma sœur d’élection,
    Quand même tu serais une embûche dressée,
    Et le commencement de ma perdition ! »

    Delphine secouant sa crinière tragique,
    Et comme trépignant sur le trépied de fer,
    L’œil fatal, répondit d’une voix despotique :
    — « Qui donc devant l’amour ose parler d’enfer ?

    Maudit soit à jamais le rêveur inutile,
    Qui voulut le premier dans sa stupidité,
    S’éprenant d’un problême insoluble et stérile,
    Aux choses de l’amour mêler l’honnêteté !

    Celui qui veut unir dans un accord mystique
    L’ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
    Ne chauffera jamais son corps paralytique
    À ce rouge soleil que l’on nomme l’amour !

    Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide ;
    Cours offrir un cœur vierge à ses cruels baisers ;
    Et, pleine de remords et d’horreur, et livide,
    Tu me rapporteras tes seins stigmatisés ;

    On ne peut ici bas contenter qu’un seul maître ! »
    Mais l’enfant, épanchant une immense douleur,
    Cria soudain : — « Je sens s’élargir dans mon être
    Un abîme béant ; cet abîme est mon cœur,

    Brûlant comme un volcan, profond comme le vide ;
    Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
    Et ne rafraîchira la soif de l’Euménide,
    Qui, la torche à la main, le brûle jusqu’au sang.

    Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
    Et que la lassitude amène le repos !
    Je veux m’anéantir dans ta gorge profonde,
    Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux. »

    Descendez, descendez, lamentables victimes,
    Descendez le chemin de l’enfer éternel ;
    Plongez au plus profond du gouffre où tous les crimes,
    Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,

    Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d’orage ;
    Ombres folles, courez au but de vos désirs ;
    Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
    Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

    Jamais un rayon frais n’éclaira vos cavernes ;
    Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
    Filent en s’enflammant ainsi que des lanternes
    Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.

    L’âpre stérilité de votre jouissance
    Altère votre soif et roidit votre peau,
    Et le vent furibond de la concupiscence
    Fait claquer votre chair ainsi qu’un vieux drapeau.

    Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
    À travers les déserts courez comme les loups ;
    Faites votre destin, âmes désordonnées,
    Et fuyez l’infini que vous portez en vous !

    **

    LXXXII

    FEMMES DAMNÉES

    Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
    Elles tournent leurs yeux vers l’horizon des mers,
    Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochées
    Ont de douces langueurs et des frissons amers :

    Les unes, cœurs épris des longues confidences,
    Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
    Vont épelant l’amour des craintives enfances
    Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux ;

    D’autres, comme des sœurs, marchent lentes et graves
    À travers les rochers pleins d’apparitions,
    Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
    Les seins nus et pourprés de ses tentations ;

    Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
    Qui dans le creux muet des vieux antres païens
    T’appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
    Ô Bacchus, endormeur des remords anciens !

    Et d’autres, dont la gorge aime les scapulaires,
    Qui, recélant un fouet sous leurs longs vêtements,
    Mêlent dans le bois sombre et les nuits solitaires
    L’écume du plaisir aux larmes des tourments.

    Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres,
    De la réalité grands esprits contempteurs,
    Chercheuses d’infini, dévotes et satyres,
    Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,

    Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
    Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains,
    Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
    Et les urnes d’amours dont vos grands cœurs sont pleins !

    **

    LXXXVII

    LES MÉTAMORPHOSES DU VAMPIRE

    La femme cependant de sa bouche de fraise,
    En se tordant ainsi qu’un serpent sur la braise,
    Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
    Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc :
    — « Moi, j’ai la lèvre humide, et je sais la science
    De perdre au fond d’un lit l’antique conscience.
    Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants
    Et fais rire les vieux du rire des enfants.
    Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
    La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !

    Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
    Lorsque j’étouffe un homme en mes bras veloutés,
    Ou lorsque j’abandonne aux morsures mon buste,
    Timide et libertine, et fragile et robuste,
    Que sur ces matelas qui se pâment d’émoi
    Les Anges impuissants se damneraient pour moi ! »

    Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
    Et que languissamment je me tournai vers elle
    Pour lui rendre un baiser d’amour, je ne vis plus
    Qu’une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
    Je fermai les deux yeux dans ma froide épouvante,
    Et, quand je les rouvris à la clarté vivante,
    À mes côtés, au lieu du mannequin puissant
    Qui semblait avoir fait provision de sang,
    Tremblaient confusément des débris de squelette,
    Qui d’eux-mêmes rendaient le cri d’une girouette
    Ou d’une enseigne, au bout d’une tringle de fer,
    Que balance le vent pendant les nuits d’hiver.

    Reply
  2. shinichi Post author

    Les Fleurs du mal

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Fleurs_du_mal

    Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, reprenant la quasi-totalité de sa production en vers de 1840 jusqu’à sa mort, survenue fin août 1867.

    Publié le 21 juin 1857, le recueil scandalise aussitôt la société française. Son auteur subit un procès retentissant. Le jugement le condamne à une forte amende, réduite sur intervention de l’Impératrice ; il entraîne la censure de six pièces jugées immorales.

    Procès et censure (1857)

    Le 7 juillet, la direction de la Sûreté publique saisit le parquet pour « outrage à la morale publique » et « offense à la morale religieuse ». Le procureur Ernest Pinard, qui a requis cinq mois plus tôt contre Madame Bovary, se concentre sur le premier chef d’accusation, s’interroge sur l’élément d’intention du second et s’en remet finalement au tribunal. Le second chef d’accusation n’est pas retenu. Le 20 août, maître Pinard prononce son réquisitoire devant la 6e Chambre correctionnelle. La plaidoirie est assurée par Gustave Gaspard Chaix d’Est-Ange qui insiste sur le fait que Baudelaire peint le vice mais pour mieux le condamner. Le 21 août, le jour même du procès, Baudelaire et ses éditeurs sont condamnés, pour délit d’outrage à la morale publique, à respectivement 300 et 100 francs d’amende et à la suppression de 6 pièces du recueil : Les Bijoux, Le Léthé, À celle qui est trop gaie, Lesbos, Femmes damnées et Les Métamorphoses du Vampire. Ces poèmes condamnés pour « un réalisme grossier et offensant pour la pudeur » et des « passages ou expressions obscènes et immorales » resteront interdits de publication en France jusqu’à ce que la Cour de cassation rende, le 31 mai 1949, un arrêt annulant la condamnation de 1857.

    Très rares sont ses contemporains à soutenir Baudelaire. Théophile Gautier, dédicataire du recueil, garde le silence. Jules Barbey d’Aurevilly manifeste son admiration. Une estime réciproque lie les deux artistes. Le 30 août, Victor Hugo écrit à Baudelaire : « Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. » Pour le féliciter d’avoir été condamné par la justice de Napoléon III, il lui écrira même, dans sa lettre du 6 octobre 1859, que l’ouvrage apporte « un frisson nouveau » à la littérature.

    Le 6 novembre 1857, Baudelaire écrit à l’impératrice pour lui demander d’intervenir afin que soit diminuée l’amende dont avaient été frappées Les Fleurs du mal :

    « Je dois dire que j’ai été traité par la Justice avec une courtoisie admirable, et que les termes mêmes du jugement impliquent la reconnaissance de mes hautes et pures intentions. Mais l’amende, grossie des frais inintelligibles pour moi, dépasse les facultés de la pauvreté proverbiale des poètes, et, […] persuadé que le cœur de l’Impératrice est ouvert à la pitié pour toutes les tribulations, les spirituelles comme les matérielles, j’ai conçu le projet, après une indécision et une timidité de dix jours, de solliciter la toute gracieuse bonté de Votre majesté et de la prier d’intervenir pour moi auprès de M. le Ministre de la Justice. »

    Lettre de Charles Baudelaire à l’impératrice Eugénie

    Sa supplique sera entendue puisque, sur ordre du garde des Sceaux, son amende sera réduite à 50 francs.

    Reply
  3. shinichi Post author

    (sk)

    ボードレールの『悪の華』、発禁。。。
    どきどきして読んだら。。。
    6篇とも とても綺麗な詩

    がっかりというか 拍子抜けというか
    165年前のモラルがおかしい
    今から165年後のモラルは どんなものなのだろう

    Reply
  4. shinichi Post author

    悪の華

    https://ja.wikipedia.org/wiki/悪の華

    『悪の華』(Les Fleurs du mal)は、シャルル・ピエール・ボードレールの詩集。はじめ題名は『冥府』となる予定だった。

    詩人の生誕から死までを退廃的、官能的に表現する。ボードレール唯一の韻文詩集。象徴主義詩の始まりとされ、各国の詩人たちに多大な影響を与えた。   

    ほとんどの作品は1850年までに書かれた。初版は1857年に刊行。「憂鬱と理想」「悪の華」「反逆」「葡萄酒」「死」の5章に、序詩(読者へ)を含めた詩101篇を収録する。このうち6編が反道徳的であるとして、有罪・罰金処分を受け、該当詩の削除を命ぜられる。その6篇は『レスボス』、『地獄に落ちた女たち』『レーテー』『陽気すぎる娘へ』『宝石』『吸血鬼の変身』で、後に「禁断詩篇」と呼ばれた。

    第2版は1861年に刊行。禁断詩篇6篇を削除し、32篇を追加。「パリ情景」を加えた6章構成として配列を変更し、全127篇を収録する。現在はこの第2版が定本となっている。

    Reply
  5. shinichi Post author

    Baudelaire was born in Paris, France, on 9 April 1821, and baptized two months later at Saint-Sulpice Roman Catholic Church. His father, Joseph-François Baudelaire (1759-1827), a senior civil servant and amateur artist, was 34 years older than Baudelaire’s mother, Caroline (née Dufaÿs) (1794-1871).

    Reply
  6. shinichi Post author

    The roots of Surrealism can be traced back to Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, and Isidore Ducasse, also known as Comte de Lautréamont. Surrealists also found inspiration in the poetic methods, such as calligrammatic poetry, used by Stéphane Mallarmé and Guillaume Apollinaire. The first text that took up the banner of Surrealism and used automatic writing as its methodology was Les Champs magnétiques (The Magnetic Fields), penned collaboratively by Breton and Philippe Soupault.

    Reply

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *