Louis Dumont

L’extension incontrôlée de ce concept d’« holisme » à un fourre-tout énigmatique de supposées « idéologies traditionnelles », celles par exemple « de la Chine ou du Japon » , ne paraît donc pas recevable.
Dumont distingue l’individu de fait, « le sujet empirique de la parole, de la pensée, de la volonté, échantillon indivisible de l’espèce humaine, tel qu’on le rencontre dans toutes les sociétés », et l’individu de droit, « l’être moral, indépendant, autonome, et ainsi (essentiellement) non social, tel qu’on le rencontre avant tout dans notre idéologie moderne de l’homme et de la société ». Mais l’individuation des sujets dans quelque société que ce soit n’a jamais rien de strictement « empirique ». Elle est toujours institutionnelle, sociale et culturelle, comme en témoigne au premier chef le don fait à chacun d’un nom propre. Comment d’ailleurs un « sujet de la parole, de la pensée, de la volonté » pourrait-il n’être qu’« empirique » ? Sans compter qu’avant d’affirmer péremptoirement un quasi-monopole de l’Occident en ces domaines, mieux vaudrait sans doute se demander quelles dimensions de moralité, d’indépendance et d’autonomie sont promues comme valeurs dans les différentes sociétés du Reste-du-monde.
Dumont précise que l’idéologie holiste n’implique en aucune manière le refus de tout individualisme, mais qu’elle n’autorise la valorisation de cet aspect que dans certaines limites, dans une certaine hiérarchie. Pour lui cependant, holisme et individualisme ne sont pas symétriques. Plaçant en effet l’holisme au principe même de toute vie sociale, il cherche fondamentalement à remettre en lumière la « prémisse hiérarchique [cachée] au fond de l’atomisme individualiste qui domine le monde moderne ». Or société et individu ne sont, on l’a vu, que l’avers et l’envers d’une même réalité ; leur tension est au fondement de toute vie sociale. Pourquoi serait-il nécessaire de privilégier un pôle par rapport à l’autre ? La société en effet « n’est pas seulement facteur de caractérisation et d’uniformisation, elle est aussi le facteur d’individualisation ».

3 thoughts on “Louis Dumont

  1. shinichi Post author

    Louis Dumont

    Wikipédia
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Dumont

    Louis Dumont, né le 1er août 1911 à Salonique (Empire ottoman à l’époque, Grèce aujourd’hui) et mort le 19 novembre 1998 à Paris 5e1, est un anthropologue français, spécialiste de l’Inde. Sa réflexion porte également sur les sociétés occidentales en s’appuyant sur des analyses comparatives.

    L’œuvre de Dumont concerne l’ensemble des domaines des sciences sociales : philosophie, histoire, droit, sciences politiques, sociologie et anthropologie, qui lui sont redevables d’une nouvelle manière d’appréhender les contours de la modernité.

    Travaux

    La notion de « relation hiérarchique »

    On doit à Louis Dumont d’avoir donné une dimension théorique à la notion de relation hiérarchique. Pour cela, il s’est appuyé sur ses études sur les systèmes de caste en Inde et son regard occidental marqué par un égalitarisme poussé.

    La relation hiérarchique serait donc selon lui la manifestation d’une transcendance au cœur de la vie sociale, qui met en évidence le caractère extérieur de ce qui fonde une société.

    D’un point de vue structuraliste, le monde social serait organisé selon un principe hiérarchique et les relations d’opposition (droite/gauche, Adam/Ève, Pape/Roi) seraient à penser sur un mode hiérarchique : les deux termes des oppositions ne sont pas à penser comme égaux, l’un des deux est supérieur à l’autre parce qu’englobant le deuxième terme. Autrement dit, l’un des termes représente la totalité en même temps qu’une partie de l’opposition. Exemple : Ève est faite à partir de la côte d’Adam. En même temps qu’il y a création d’une altérité il y a affirmation d’une supériorité d’Adam. On peut réduire en terme logique comme suit [Adam / [Adam/Ève] ] soit [totalité / parties]2.

    Pour la même démonstration entre Pape et Roi, main droite et main gauche on consultera les Essais sur l’individualisme : une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne (Paris, Seuil, 1983).

    Regards sur la société occidentale

    Afin de poser un regard nouveau sur l’histoire et les particularités de la société occidentale, Dumont a proposé une confrontation théorique avec la société indienne, radicalement différente. Ce « détour anthropologique » a permis une réflexion originale sur l’idéologie et les valeurs propres à chacune de ces deux cultures.

    Par une analyse comparative, il montre une opposition nette entre ces deux civilisations : si la civilisation indienne est caractérisée par une pensée de la hiérarchie (le système de castes), alors la civilisation occidentale se caractérise par une pensée de l’égalité. Pareillement, si l’idéologie holiste prévaut en Inde, alors c’est l’idéologie individualiste qui prévaut de la même façon en Occident.

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  2. shinichi Post author


    Essais sur l’individualisme
    Louis Dumont
    Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne.
    (1983)

    「個人主義論考」
    ルイ・デュモン
    人が人に従属する関係が支配的である全体論的(holistic)な関係が、人とものとの関係が支配的な〔もしくは、人と人との関係がものによって媒介される〕個人主義的(individualistic)な関係へと移行する。

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